La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a exprimé, mardi 4 novembre 2025, sa « profonde inquiétude » face à la dégradation de l’état de santé de Jaouhar Ben Mbarek, détenu dans le cadre de ce que les autorités désignent comme « l’affaire de complot ». Selon la LTDH, Jaouhar Ben Mbarek observe, depuis le 29 octobre 2025, une grève « totale » de la faim, de l’eau et des médicaments, en protestation contre ce qu’il considère être une détention arbitraire et un procès « dépourvu des conditions élémentaires d’un jugement équitable ».
Dans son communiqué, la LTDH affirme suivre l’évolution de la situation de Jaouhar Ben Mbarek « avec une extrême gravité » et dénonce une « indifférence volontaire » des autorités à l’alerte médicale imminente. Elle se dit solidaire de Jaouhar Ben Mbarek et des autres détenus poursuivis pour leurs opinions, considérant que « ignorer son état revient à renouer avec des pratiques répressives que la Tunisie croyait dépassées ».
La Ligue tient les autorités exécutive et judiciaire pour pleinement responsables de la vie et de l’intégrité physique de Jaouhar Ben Mbarek. Elle appelle à « l’arrêt immédiat de la politique du déni » et réclame la libération sans condition de tous les prisonniers politiques, ainsi que la garantie de procès publics respectant le droit à la défense, « sans instrumentalisation du pouvoir judiciaire pour neutraliser les opposants ».
La LTDH rappelle également que l’accès aux soins, la dignité et la protection de la vie constituent des droits fondamentaux garantis par la Constitution et par les traités internationaux ratifiés par l’État tunisien. Elle appelle, en conséquence, les autorités à assurer immédiatement la prise en charge médicale de Jaouhar Ben Mbarek et à respecter les droits fondamentaux des personnes détenues.
L’organisation invite enfin la société civile, les forces démocratiques et les défenseurs des libertés à « se mobiliser sans délai », considérant que la situation actuelle constitue un « tournant dangereux » dans l’état des droits et libertés en Tunisie.
L’avocat Samir Dilou avait alerté sur la situation « extrêmement critique » de Jaouhar Ben Mbarek, affirmant que ce dernier est désormais « aux portes de la mort ». Lors d’une visite à la prison de Belli, Samir Dilou n’était pas parvenu à convaincre Jaouhar Ben Mbarek de cesser sa grève.
Le père du détenu, Ezzeddine Hazgui, a également dénoncé une « responsabilité directe » des autorités dans la détérioration de l’état de santé de Jaouhar Ben Mbarek. Selon Ezzeddine Hazgui, Jaouhar Ben Mbarek « n’entend pas mourir en silence » et sa grève constitue un acte de résistance politique.
