Les noms de 1 426 Alaouites tués lors des massacres survenus au début du mois de mars en Syrie ont été confirmés, selon la commission nationale d’enquête. 298 suspects impliqués dans les exactions contre des membres de cette minorité ont été identifiés.
Des meurtres, des pillages, des destructions et des incendies de maisons, des tortures et des insultes à caractère confessionnel… Les 7, 8 et 9 mars 2025, plusieurs massacres se sont déroulés dans la région alaouite en Syrie. Plusieurs mois après ce déchaînement de violence, le porte-parole de la commission nationale d’enquête Yasser al-Farhan a indiqué, ce mardi 22 juillet, pouvoir confirmer les noms de 1 426 personnes tuées, la plupart étant des civils issus de la communauté alaouite dans la région côtière, lors d’une conférence de presse à Damas. Parmi ces personnes, 90 étaient des femmes. La commission a indiqué également avoir pu identifier « 298 personnes nommément impliquées dans les violences ».
Quel a été l’enchaînement des violences aboutissant à ces bains de sang ? Des rebelles opposés au nouveau gouvernement syrien avaient frappé les premiers, jeudi 6 mars 2025 au soir, avec une attaque surprise sur des positions de forces de sécurité proches de la base russe de Hmeimim, dans la province de Lattaquié, relatait-on dans nos colonnes. Emmenée par Muqdad Fatiha, ancien homme fort du régime baasiste connu pour ses nombreux crimes de guerre, la Brigade de défense de la côte (Liwa Deraa al Sahel), avait alors attaqué les forces de sécurité du gouvernement de transition tout en appelant à un soulèvement général en Syrie.
Aussitôt, les autorités syriennes avaient fait appel à des renforts pour repousser les rebelles. Si les combattants de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), que dirige le président intérimaire Ahmed al-Charaa sont généralement disciplinés, c’était loin d’être le cas de nombre d’autres milices syriennes.
Près de 1 700 morts civils au total
Ainsi, les renforts des autorités, appuyés par des groupes paramilitaires, avaient tué au total près de 1 700 personnes parmi les civils, majoritairement issus de la minorité alaouite à laquelle appartient la famille Assad, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Selon la commission, 238 membres des forces de sécurité et de l’armée ont été tués.
Le rapport de cette commission, remis au président intérimaire syrien, Ahmed al-Charaa, le 13 juillet, intervient quelques jours après de nouvelles violences dans la province de Soueida (sud), qui ont fait plus de 1 200 morts, selon l’OSDH, en grande majorité des Druzes. Elles ont suscité des doutes sur la capacité des autorités à contenir les tensions confessionnelles et à rétablir la sécurité, plus de sept mois après la chute de l’ancien pouvoir, qui se posait en protecteur des minorités.
La commission d’enquête – créée le 9 mars par Ahmed al-Charaa – devait initialement remettre ses conclusions en avril, mais son mandat a été prorogé de trois mois le 10 avril. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont récemment exhorté les autorités syriennes à publier l’intégralité des conclusions de l’enquête et à garantir que les responsables soient traduits en justice.