Le président ukrainien a visité ce mercredi matin la ville d’Izioum, ville stratégique reconquise dans la région de Kharkiv (nord-est du pays). Il a salué les soldats et les a remerciés de leurs efforts pour reprendre la région alors que le drapeau ukrainien était hissé devant l’hôtel de ville incendié. « Notre drapeau bleu-jaune flotte déjà au-dessus d’Izioum. Et ce sera le cas dans chaque ville et village d’Ukraine », a dit le président ukrainien sur son compte Telegram.
Une grande partie de la ville a été dévastée. Les immeubles sont noircis par le feu et marqués par les tirs d’artillerie. Le centre est jonché de tas de gravats, qui marquent l’emplacement des maisons détruites. Les forces russes ont quitté la ville la semaine dernière pendant la contre-offensive d’ampleur menée par les forces ukrainiennes. « Ces images sont très choquantes, mais elles ne m’étonnent pas, parce que nous avons vu les mêmes à Boutcha et dans les premiers territoires “désoccupés”, a déclaré Volodymyr Zelensky. Les mêmes bâtiments détruits, les mêmes personnes tuées ». « Nous n’avançons que dans une direction, en avant, vers la victoire », a écrit M. Zelensky sur Telegram. Entouré de gardes du corps armés, le président en tenue kaki portait à l’épaule un écusson « l’Ukraine ou la mort », selon des photos de la présidence.
Prudence allemande
L’inspecteur de l’armée allemande, le général Eberhard Zorn, a appelé ce mercredi matin à la prudence au sujet de la contre-offensive ukrainienne. Les forces ukrainiennes mènent actuellement des « contre-attaques qui permettent de reconquérir des lieux ou certaines parties du front, mais pas de faire reculer la Russie sur un large front », estime le haut-gradé dans l’hebdomadaire Focus. Kiev agit toutefois, selon lui, « intelligemment (…) et mène les opérations de manière souveraine et très mobile ». « Il y a encore deux semaines, j’aurais dit que l’ensemble du Donbass serait aux mains des Russes dans six mois. Aujourd’hui, je dis qu’ils n’y arriveront pas », pronostique le général Zorn.
Selon l’inspecteur de la Bundeswehr, le Kremlin pourrait par ailleurs ouvrir un nouveau front : « Kaliningrad, la mer Baltique, la frontière finlandaise, la Géorgie, la Moldavie… il y a beaucoup de possibilités. Poutine en aurait les capacités. » « Même si environ 60 % de ses forces terrestres sont engagées dans la guerre en Ukraine, les forces terrestres, et surtout la marine et l’armée de l’air russes, disposent encore de capacités non engagées », met-il en garde.
Russie : recettes au plus bas
Selon un rapport s’appuyant sur les données du ministère des finances russe et publié par l’agence de presse Bloomberg, les recettes pétrolières et gazières russes, qui représentent plus d’un tiers du budget national, sont tombés à 671,9 milliards de roubles (11,1 milliards d’euros) en août, soit leur niveau le plus bas depuis juin 2021. Ces recettes ont chuté de 13 % d’un mois sur l’autre (juillet-août 2022) et de 3,4 % d’une année sur l’autre (août 2021-août 2022).
Les prix du gaz, actuellement à un niveau record, « n’ont pas pu compenser entièrement la baisse des recettes » liée à la réduction drastique des achats de produits pétroliers russes par les Occidentaux, note Bloomberg. « Le refus d’acheter du pétrole russe par certains clients traditionnels européens a contraint Moscou à vendre son pétrole à un prix fortement réduit sur les marchés asiatiques, ce qui l’a privé du plein bénéfice de la hausse des prix », ajoute le média spécialisé dans la finance.
Poutine aurait refusé la paix
Le principal émissaire russe pour l’Ukraine aurait déclaré à Vladimir Poutine, au début de la guerre, qu’il avait conclu un accord provisoire avec Kyiv satisfaisant les exigences de Moscou, notamment sa demande de garder l’Ukraine en dehors de l’Otan, mais le président russe l’aurait rejeté et poursuivi sa campagne militaire, selon trois sources proches du pouvoir russe.

Dimitri Kozak aurait dit à Vladimir Poutine que l’accord rendait inutile une occupation à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, selon ces sources. La recommandation de l’émissaire de conclure l’accord est rapportée par Reuters pour la première fois.
Avant la guerre, le président russe avait affirmé à plusieurs reprises que l’Otan et son infrastructure militaire se rapprochaient des frontières de la Russie en acceptant de nouveaux membres d’Europe orientale et que l’alliance se préparait désormais à faire entrer l’Ukraine dans son orbite. Il avait déclaré publiquement que cela représentait une menace existentielle pour la Russie, ce qui l’aurait obligé à réagir.
Bien qu’il ait soutenu les négociations auparavant, Vladimir Poutine avait clairement fait savoir, lorsqu’on lui a présenté l’accord de Dimitri Kozak, que les concessions négociées par son émissaire n’allaient pas assez loin et qu’il avait élargi ses objectifs pour y inclure l’annexion de pans entiers du territoire ukrainien, selon les sources. Résultat : l’accord a été abandonné.
Interrogé sur les conclusions de Reuters, le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, a déclaré : « Cela n’a absolument aucun rapport avec la réalité. Une telle chose ne s’est jamais produite. C’est une information absolument incorrecte ».
Olena Zelenska à Strasbourg
Lors son discours sur l’état de l’Union européenne, Mme von der Leyen a mis à l’honneur la première dame ukrainienne, Olena Zelenska, à qui les eurodéputés ont réservé une ovation debout dans l’hémicycle.
« Chère Olena, il fallait un courage immense pour résister à la cruauté de Poutine. Vous avez trouvé ce courage »,a-t-elle lancé, habillée aux couleurs de l’Ukraine. « Je me tiens ici, devant vous, animée de la conviction que, grâce à notre courage et à notre solidarité, Poutine échouera et l’Europe vaincra », a ajouté la présidente de la Commission européenne.