Le directeur des renseignements britanniques affirme que les conseillers du président russe Vladimir Poutine « ont peur de lui dire la vérité » sur sa stratégie de guerre « défaillante » en Ukraine. Vladimir Poutine a « extrêmement mal évalué » l’invasion, a déclaré le directeur de l’agence de renseignement britannique GHQ Jeremy Fleming dans un discours à l’Université nationale australienne de Canberra. « Nous avons vu des soldats russes – à court d’armes et le moral en berne – refuser d’exécuter les ordres, saboter leur propre équipement et même abattre accidentellement leur propre avion », a énuméré M. Fleming. « Et même si les conseillers de Poutine ont peur de lui dire la vérité, ce qui se passe et l’ampleur de ces erreurs d’appréciation doivent être parfaitement clairs pour le régime », a-t-il estimé. Ces remarques font écho à celles des renseignements américains publiés par la Maison Blanche la veille, indiquant que M. Poutine était « mal informé » par ses conseillers sur l’évolution de l’opération russe.
On a du mal à croire que le maître du Kremlin ne sache pas exactement ce qui se passe en Ukraine et il serait tout aussi étonnant qu’il ne soit pas au courant de ce qui se dit dans le monde occidental. Mais l’on peut constater que Vladimir Poutine n’hésite pas à démentir les propos de ses négociateur et change souvent d’avis. Sa parole n’est pas fiable.
Au cours d’un entretien avec Emmanuel Macron, il avait renvoyé à plus tard une évacuation sanitaire des Marioupol, disant qu’il allait réfléchir. Quelques heures plus tard, il annonçait que c’était en cours, en accord avec la Croix-Rouge internationale. Et après-midi, on ne savait pas exactement ce qui se passait sur le terrain. Le gouvernement ukrainien a indiqué qu’il envoyait de Zaporijia 45 bus pour évacuer les civils et apporter nourriture et médicaments. Le Comité international de la Croix Rouge se disait prêt « à diriger » les opérations d’évacuation des civils assiégés dans la ville de Marioupol à partir de ce vendredi à condition d’avoir les garanties nécessaires, selon un communiqué de l’organisation.
D’un autre côté, Vladimir Poutine qui avait déclaré que l’obligation de payer le gaz en roubles serait mise en place progressivement, a annoncé que les acheteurs de gaz russe de pays « inamicaux » devront à partir de ce vendredi payer en roubles depuis des comptes en Russie sous peine d’être privés d’approvisionnements, mesure touchant surtout l’Union européenne. La France et l’Allemagne qui se « préparent » à un potentiel arrêt des importations de gaz russe, ont réitéré leur opposition à tout paiement en roubles des livraisons.
Concernant les opérations sur le terrain, les forces russes « ne se retirent pas mais se repositionnent » en Ukraine et l’Otan s’attend à des « offensives supplémentaires » de la part de Moscou, a déclaré le secrétaire général de l’Alliance. « Selon nos informations », la Russie « essaie de regrouper [ses forces] et de renforcer son offensive sur la région du Donbass et, dans le même temps, elle maintient la pression sur Kiev et d’autres villes », a estimé Jens Stoltenberg lors d’une conférence de presse. L’agence nucléaire ukrainienne a indiqué que les Russes commençaient à se retirer du site de Tchernobyl.
En Russie, les intimidations se multiplient contre les opposants avec des tags « Z » ou « collabo » sur les portes de domiciles. Mercredi soir, un soutien de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, Ilia Pakhomov, a publié sur Twitter une photo montrant la porte de son domicile en Russie vandalisée avec deux lettres « Z » dessinées à la peinture blanche.
Cette lettre est un signe de soutien aux troupes russes combattant en Ukraine car elle est peinte sur de nombreux véhicules militaires. D’autres opposants ont eu droit à une tête de porc devant leur porte. Interrogé par l’AFP sur ce sujet, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié ces faits de « vilénies commises par des vandales » et a assuré que les victimes pouvaient s’adresser aux forces de l’ordre.
Selon l’institut de sondage indépendant Levada, Vladimir Poutine a gagné 12 points de popularité depuis le début de la guerre en Ukraine. Quelque 83% des Russes approuvent son action, soit douze points de plus par rapport à février. Seuls 15% des Russes disent ne pas approuver l’action du président (-12% en un mois) et 2% sont sans opinion. Le Premier ministre Mikhaïl Michoustine gagne lui 11 points (71%, contre 60% en février) et le gouvernement 15 points (70% contre 55% en février).