Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a visité ce lundi Kherson, ville clé du Sud du pays reprise aux Russes la semaine dernière.
M. Zelensky s’est promené en tenue de style militaire dans les rues de la ville, entouré de gardes du corps lourdement armés, sans toutefois porter lui-même de casque ni de gilet pare-balles, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
« Il est impossible de tuer l’Ukraine » a affirmé le président. « Gloire à l’Ukraine! », lui ont crié des habitants depuis le balcon d’un immeuble. « Gloire aux héros! », ont répondu conformément à la tradition le chef de l’Etat et ceux qui l’accompagnaient. Ils ont tous entonné l’hymne national.
» C’est le début de la fin de la guerre. Nous avançons », a-t-il lancé aux soldats ukrainiens auxquels il s’adressait. « Nous sommes prêts pour la paix, pour la paix dans tout notre pays », a-t-il ajouté, avant de remercier l’Otan pour son soutien.
Le Kremlin a répondu en soutenant que Kherson appartenait à la Russie. « Nous ne commenterons pas [la visite de Zelensky à Kherson], vous savez bien que c’est le territoire de la Fédération de Russie », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, malgré le retrait des forces russes.
Un soldat russe en civil
Le service de sécurité ukrainien a affirmé lundi avoir arrêté à Kherson (sud) un militaire russe « déguisé en civil », alors que les craintes que des soldats de Moscou soient toujours présents incognito dans la ville libérée vendredi sont fortes.

« Les agents du service de sécurité ont arrêté un militaire russe dans Kherson libérée. L’homme était déguisé en civil et a tenté de se faire passer pour un « local » », a indiqué cette structure (SBU) dans un communiqué, quelques heures après la visite surprise du président Volodymyr Zelensky.
Selon le SBU, « il a admis qu’il était un soldat professionnel » des forces russes, en charge de « recueillir du renseignement (…) et effectuer (des opérations) de sabotage ».
Dans une vidéo accompagnant le communiqué sur les réseaux sociaux, ce militaire russe, les yeux bandés, décline son identité, se disant être « Nikolaï Andreïevitch Krivocheev, né en 2002 dans la région de l’Altaï », dans le sud de la Russie, et opérant pour une unité basée « à Birobidjan » dans l’Extrême-Orient russe.
Des mois difficiles…

« Les mois à venir seront difficiles » pour l’Ukraine, a averti lundi le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, alors que le pays célèbre la libération de Kherson, ville clé du sud du pays reprise aux Russes la semaine dernière.
Le retrait de la Russie de Kherson « démontre l’incroyable courage des forces armées ukrainiennes », mais « nous ne devons pas commettre l’erreur de sous-estimer la Russie », a déclaré M. Stoltenberg lors d’une conférence de presse à La Haye, après avoir discuté avec le gouvernement néerlandais.
« Les forces armées russes conservent des capacités importantes ainsi qu’un grand nombre de soldats et la Russie a démontré sa volonté d’assumer des pertes importantes », a ajouté le chef de l’OTAN.
L’armée russe, en difficulté sur le terrain, a mené ces dernières semaines plusieurs vagues de frappes massives de missiles et drones kamikazes sur les infrastructure civiles ukrainiennes, notamment sur les réseaux énergétiques.
« Les mois à venir seront difficiles. L’objectif de Poutine est de laisser l’Ukraine froide et sombre cet hiver », a poursuivi M. Stoltenberg.
Un Zambien tué en Ukraine

Un étudiant zambien de 23 ans, condamné en Russie et qui avait entamé une peine de prison dans la banlieue de Moscou, a été retrouvé mort au combat en Ukraine, a annoncé lundi le gouvernement de Zambie, qui a demandé des explications à la Russie.
Lemekhani Nathan Nyirenda « est décédé le 22 septembre 2022 en Ukraine » a déclaré dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, Stanley Kakubo, « sur le front du conflit entre la Russie et l’Ukraine ».
La Zambie a déclaré avoir demandé des explications à la Russie « sur les circonstances dans lesquelles un citoyen zambien, qui purge une peine de prison à Moscou, a pu être recruté pour combattre en Ukraine et perdre la vie ». L’étudiant en ingénierie nucléaire à l’Institut d’ingénierie physique de Moscou (MEPhI), avait été condamné à neuf ans et six mois d’emprisonnement. Il purgeait sa peine dans une prison de moyenne sécurité dans la banlieue de Moscou.
Le patron du groupe paramilitaire Wagner, l’oligarque russe Evguéni Prigojine réputé proche de Vladimir Poutine, est accusé par l’Ukraine d’envoyer sur le front des milliers de combattants recrutés directement dans les prisons russes, contre promesse d’un salaire et d’une amnistie.
La Biélorussie « occupée

L’opposante biélorusse en exil Svetlana Tikhanovskaïa a dénoncé ce lundi « l’occupation militaire de facto » de son pays par la Russie, exhortant l’Union européenne à maintenir la pression sur le régime du dirigeant Alexandre Loukachenko.
Pour l’opposante biélorusse, Moscou s’est servi du pays comme d’une rampe de lancement pour sa guerre contre l’Ukraine voisine et déploie des milliers de soldats sur le territoire de son proche allié dans le cadre d’une force opérationnelle conjointe.
Loukachenko ne « contrôle pas la présence des troupes russes », ni le stationnement des équipements militaires de Moscou en Biélorussie, a-t-elle souligné. « Il doit simplement être d’accord avec tout, car il sait que, sans le soutien de Poutine, il ne pourra pas survivre politiquement en Biélorussie. »
Fin de guerre et économie
La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a estimé ce lundi que mettre fin à la guerre en Ukraine constituait le meilleur moyen de répondre aux difficultés de l’économie mondiale, dans un message apparent à la Russie avant le sommet du G20 en Indonésie.

« Mettre fin à la guerre menée par la Russie constitue un impératif moral et tout simplement la meilleure chose à faire pour l’économie mondiale », a déclaré Mme Yellen à la presse en marge d’une rencontre avec son homologue français Bruno Le Maire.
Officiellement, l’invasion de l’Ukraine ne figure pas à l’agenda du club des 20 grandes économies dont les dirigeants se retrouvent mardi et mercredi sur l’île indonésienne de Bali.
Moscou a d’ailleurs appelé le G20 à se concentrer sur les questions économiques et financières plutôt que politiques et sécuritaires.
Vladimir Poutine, qui a décidé de ne pas se rendre au G20 et se fait représenter par son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, se trouve sous pression pour prolonger l’accord existant permettant des exportations de céréales ukrainiennes qui expire le 19 novembre.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres juge cet accord, « essentiel pour la sécurité alimentaire mondiale » .