«L’Ukraine demande un accès immédiat au site de la frappe pour les représentants de la Défense et des garde-frontières», a réclamé ce mercredi après-midi sur Twitter le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Oleksiï Danilov, qui a dit souhaiter «un examen conjoint de l’incident». Kiev continue d’affirmer que le missile est bien russe et qu’il en a les preuves. Pour l’Otan, ce missile qui a tué deux personnes en Pologne serait un projectile antiaérien ukrainien.
Le président polonais Andrzej Duda a considéré mercredi comme «hautement probable» que le missile qui a tué deux personnes à la frontière avec l’Ukraine ait été utilisé par la défense ukrainienne.
«Rien n’indique qu’il s’agissait d’une attaque intentionnelle contre la Pologne», a affirmé Andrzej Duda à la presse. «Il y a une forte probabilité qu’il s’agisse d’un missile qui a simplement été utilisé par la défense antimissile ukrainienne», a-t-il poursuivi. C’est «probablement un accident malheureux, hélas», a-t-il ajouté.

Le chef de l’Otan Jens Stoltenberg déclare, dans la foulée du président polonais, qu’il n’y a «pas d’indication d’une attaque délibérée» en Pologne, confirmant l’hypothèse d’un incident avec un missile de la défense antiaérienne ukrainienne.
«Notre analyse préliminaire suggère que l’incident a été probablement causé par un missile de système ukrainien de défense anti-aérienne tiré pour défendre le territoire ukrainien contre les missiles de croisière russes», a déclaré Jens Stoltenberg lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Les présidents américain et français tout comme le chancelier allemand et le Premier ministre britannique partagent cette analyse.
Moscou salue les Etats-Unis
Le Kremlin a salué la «retenue» des Etats-Unis au sujet du missile tombé la veille en Pologne, assurant que la Russie n’avait «rien à voir» avec cet incident qui a suscité une flambée de tension.

«En l’occurrence, il faut noter la réaction pleine de retenue et plus professionnelle de la partie américaine», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant l’«hystérie» de «hauts responsables de plusieurs pays». «La Russie n’a rien à voir avec l’incident qui s’est produit en Pologne».
Le ministère russe de la Défense a affirmé n’avoir mené aucune frappe sur Kiev la veille, et que les destructions constatées dans la capitale ukrainiennes étaient causées par la défense anti-aérienne ukrainienne. «Toutes les destructions dans les quartiers d’habitation de la capitale ukrainienne sont le résultat direct de la chute et de l’autodestruction des missiles antiaériens lancées par les forces ukrainiennes», a affirmé le ministère russe dans un communiqué, tout en affirmant avoir détruit toutes ses cibles lors des frappes sur le reste du pays.
Quelques minutes après le début de la réunion d’urgence ouverte à l’OTAN, Moscou a annoncé avoir identifié les débris des missiles abattus en Pologne : «ils ont été identifiés de manière catégorique par des spécialistes russes comme un élément d’un missile guidé antiaérien des systèmes de défense antiaérienne S-300 des forces armées ukrainiennes», a précisé le ministre russe de la Défense. « Nous voulons souligner que les frappes de haute précision n’ont été menées que sur le territoire de l’Ukraine à une distance supérieure à 35 kilomètres de la frontière ukraino-polonaise», a ajouté le ministère.
La Russie responsable…

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a estimé que la frappe sur la Pologne, quel qu’en soit l’auteur, «n’aurait pas eu lieu sans l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
«Rien de tout cela n’aurait eu lieu sans l’invasion de l’Ukraine par la Russie, c’est la réalité cruelle et implacable de la guerre de Poutine, a-t-il poursuivi. Tant qu’elle se poursuivra, elle constituera une menace pour notre sécurité et celle de nos alliés et tant qu’elle se poursuivra, elle continuera à dévaster l’économie mondiale.»
«Il n’y a pas une seule personne dans le monde qui n’a pas ressenti les répercussions de la guerre de Poutine», a-t-il relevé alors que les prix de l’énergie et des produits alimentaires se sont envolés.
LE G20 condamne la guerre
À l’issue du sommet du groupe à Bali ce mercredi 16 novembre, la « plupart » des membres, « ont condamné fermement la guerre en Ukraine », rapporte le communiqué final. A l’exception de la Russie, qui a malgré tout signé la déclaration commune.

Cette situation étrange a une explication. Le document rappelle en effet que les membres du G20 (sauf la Russie, donc) condamnent tous l’invasion de l’Ukraine par Moscou et « soulignent qu’elle cause d’intenses souffrances humaines et exacerbent les fragilités existantes sur l’économie globale ».
Mais plus loin, le communiqué reconnaît qu’il y a « différentes vues et évaluations sur la situation et sur les sanctions ». Cette mention a convaincu Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères présent à Bali à la place du président Vladimir Poutine, de signer la déclaration commune.
Car la veille, Sergueï Lavrov avait dénoncé les pays occidentaux qui voulaient « politiser » le document. Ces derniers « insistent » pour inscrire une ligne indiquant que tous les pays participants condamnaient la guerre en Ukraine, regrettait-il en conférence de presse.
« Faisons-le de manière justice et soyons clairs que sur ce sujet, nous avons des différences », avait-il déclaré, avant de finalement obtenir gain de cause. « Oui, il y a une guerre en Ukraine, une guerre hybride que l’Ouest a engagée et a préparée pendant des années », avait-il encore critiqué.
Par ailleurs, dans la déclaration commune, les membres du groupe, y compris la Russie, soulignent que « l’usage ou la menace d’utiliser des armes nucléaires est inadmissible ».
Les pays du G20 ont soutenu les efforts visant à maintenir un corridor d’exportation de céréales depuis l’Ukraine afin de réduire l’insécurité alimentaire, mais ont été critiqués pour l’absence de nouvelles mesures pour lutter contre la faim dans le monde.