Un accord sera nécessaire «au final» pour mettre un terme au conflit en Ukraine, a affirmé vendredi 9 décembre Vladimir Poutine, tout en exprimant des doutes sur la «confiance» que Moscou peut, selon lui, accorder à ses interlocuteurs.
«Comment trouver un accord ? Et peut-on s’entendre avec quelqu’un ? Et avec quelles garanties ? C’est évidemment toute la question (…) Mais au final il faudra trouver un accord. J’ai déjà dit à plusieurs reprises que nous sommes prêts à ces arrangements, nous sommes ouverts, mais cela nous oblige à réfléchir pour savoir à qui nous avons affaire», a déclaré le président russe, en marge d’un sommet régional au Kirghizstan.
Moins de pétrole russe…
Le président russe Vladimir Poutine a menacé ce vendredi l’Occident de « réduire la production » de pétrole russe « si nécessaire », quelques jours après l’introduction par l’UE, le G7 et l’Australie d’un plafonnement du prix de l’or noir russe à 60 dollars.
« On réfléchira à une éventuelle réduction de la production si nécessaire », a déclaré Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse à Bichkek, en marge d’un sommet régional. Le mécanisme mis en place par l’Occident est « une décision stupide » qui « n’affecte pas la Russie », a-t-il ajouté.

Un opposant condamné à Moscou
Avec la lourde condamnation d’Ilia Iachine – huit ans et demi de prison -, le pouvoir entend sceller le cercueil de l’opposition russe. Avant son arrestation, fin juin, cet homme politique de 39 ans, militant de longue date et ancien député municipal de Moscou, était l’une des dernières personnalités publiques restée dans le pays et parlant haut et fort contre Vladimir Poutine et sa guerre en Ukraine. Vendredi, alors que tombait une neige mouillée, quelques dizaines de fidèles et de nombreux journalistes étaient rassemblés devant le tribunal de Mechtchanski, un quartier de la capitale, en attendant le verdict : presque le maximum requis mercredi dernier par le procureur (neuf ans) pour « diffusion de fausses nouvelles » sur l’armée russe. Au début de l’audience, sans illusion sur ce qui l’attendait, Ilia Iachine est apparu souriant comme à son habitude. Il était jugé pour avoir dénoncé, lors d’une intervention en direct sur YouTube,« le meurtre de civils » dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev, où l’armée russe a été accusée d’exactions, ce que nie Moscou. Lors du procès, un « expert » du ministère de l’Intérieur, ainsi qu’une linguiste, sont venus témoigner que l’accusé avait exprimé dans son émission une attitude négative envers le ministère de la Défense…

Viktor Bout accuse
Le marchand d’armes russe Viktor Bout, détenu aux États-Unis pendant 14 ans et échangé contre la basketteuse américaine Brittney Griner, a accusé l’Occident de vouloir «détruire» et «diviser» la Russie, dans une interview parue vendredi 9 décembre.
«Les Occidentaux pensent qu’ils ne nous ont pas achevés en 1990, quand l’Union soviétique a commencé à s’effondrer. Et le fait qu’on essaye de vivre, de n’être gouverné par personne et de ne dépendre de personne (…), c’est bien sûr pour eux une nouveauté choquante. Ils pensent qu’ils peuvent à nouveau nous détruire et diviser la Russie», a déclaré Viktor Bout, un ancien officier soviétique, au média russe RT.
De son côté, le Kremlin a souligné que l’échange de prisonniers entre les États-Unis et la Russie n’avait pas mis fin à la «crise» entre les deux pays. «Ces négociations concernaient uniquement l’échange, il est probablement incorrect de faire des conclusions hypothétiques disant que ce serait un pas vers une sortie de la crise que nos relations bilatérales traversent actuellement», a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. «Nos relations bilatérales sont toujours dans un état déplorable», a-t-il ajouté, dans une interview au média russe Izvestia.
Cependant, d’autres échanges de prisonniers entre Moscou et Washington sont « possibles », a indiqué ce vendredi le président russe. « Les contacts se poursuivent au niveau des services de renseignement, ils n’avaient jamais cessé. Est-ce que d’autres (échanges) sont possibles ? Oui, tout est possible », a déclaré M. Poutine à Bichkek.
« Le terrorisme des mines »
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé les forces russes de miner intensément les territoires qu’ils abandonnent lors de leurs retraits pour les piéger, assurant que « le terrorisme des mines figurera parmi les accusations portées contre la Russie ».
« Les terroristes essaient délibérément de laisser derrière eux autant de pièges mortels que possible », a-t-il déclaré dans son adresse vidéo quotidienne, diffusée sur internet. « Mines terrestres enfouies, fils-pièges, bâtiments, voitures et infrastructures minés… Il s’agit de plus de 170.000 kilomètres carrés de territoire dangereux », a estimé le dirigeant ukrainien.

Situation difficile à Odessa et Kherson
Les infrastructures énergétiques ukrainiennes autour de Kherson ont été « pratiquement détruites » lors du retrait des forces russes et la situation est « compliquée » à Odessa, ciblée par des frappes, a indiqué ce vendredi l’opérateur national Ukrenergo.
« Lundi, l’ennemi a encore frappé. Ce fut encore les installations d’Ukrenergo, les sous-stations de la ligne principale, en particulier dans le sud de l’Ukraine, et les centrales électriques qui ont été endommagées », a déploré son chef, Volodymyr Koudritskiï lors d’une conférence de presse.
Selon lui, « le travail réussi » de la défense antiaérienne ukrainienne a évité que plus de frappes russes ne touchent leurs cibles et endommagent encore plus le réseau énergétique national, déjà détruit à 40% selon les autorités ukrainiennes.
« Plus d’un millier de missiles et de drones » ont été tirés par la Russie « depuis le 10 octobre », date des premières attaques russes d’ampleur sur les sites énergétiques ukrainiens, a-t-il précisé aux journalistes.
Selon lui, la situation la plus difficile, « c’est à Odessa (sud-ouest) et dans la région de Kherson où le réseau électrique a été pratiquement détruit ».
