La situation devient de plus en plus difficile dans l’est du pays qui attend une offensive russe. L’aéroport de Dnipro est « complètement détruit », selon le gouverneur régional Valentin Reznitchenko. « Nouvelle attaque contre l’aéroport de Dnipro. Il n’en reste plus rien. L’aéroport lui-même et les infrastructures à proximité ont été détruits. Et les missiles continuent de voler », a-t-il écrit sur Telegram. L’aéroport avait déjà été pris pour cible le 15 mars, avait annoncé le gouverneur, et la piste avait été détruite.
Des bombardements ont fait cinq morts et cinq blessés, selon un bilan communiqué par le gouverneur régional ukrainien Pavlo Kyrylenko sur Telegram, d’un bombardement survenu à Vougledar, à 60 kilomètres au sud-ouest de Donetsk, à l’est du pays, ainsi qu’à Novomikhaïlivka, un village voisin, dans la soirée de samedi.
Les évacuations continuent et neuf couloirs humanitaires étaient ouverts ce dimanche.
Dans la région de Kiev, on découvre toujours des victimes et des dégâts. A Makariv, l’armée a annoncé avoir découvert 132 corps de civils « torturés et assassinés ». La plupart des corps ont une nouvelle fois été découverts dans des fosses communes. Sur Telegram, le maire a accusé les forces russes de ces nouvelles exactions. La ville est « à moitié détruite ». A Borodianka où selon le président Zelensky, la situation est « bien plus horrible qu’à Boutcha, on a déjà trouvé des dizaines de cadavres mais on ne connaît pas le nombre exact des personnes pouvant encore se trouver sous les immeubles qui se sont effondrés. Des corps de civils ont également été découverts près d’une station-service (…) dans une fosse à Bouzova, un village situé près de Kiev.
La procureure générale ukrainienne, Irina Venediktova, a annoncé à la chaîne Skynews que 1 222 personnes au moins sont mortes dans la région de Kiev, depuis le début de la guerre. « Ce que nous avons vu sur le terrain dans toutes les régions d’Ukraine, ce sont des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, et nous faisons tout ce que nous pouvons pour y remédier. » Elle a aussi indiqué que son pays a ouvert 5 600 enquêtes pour crimes de guerre présumés sur son territoire depuis le début de l’offensive russe.
Pour sa part, le vice-ministre de l’Economie ukrainien Oleksandr Hryban a déclaré que les dommages causés par la guerre s’élèveront au moins à 1 000 milliards de dollars. Il a évoqué la perte « des infrastructures » du pays à plusieurs niveaux : « étatique, municipal et privé ». Fin mars, cette estimation était de 500 milliards de dollars.
Tout en continuant à chercher des voies diplomatiques, l’Ukraine se dit prête à « la grande bataille » dans l’Est mais réclame toujours des armes et demande à tous les pays alliés d’imiter la Grande-Bretagne qui a promis plus de 130 blindés et des missiles anti navires. L’Allemagne indique qu’elle est à la limite de ses possibilités.
Au Vatican, le pape François appelle à une « trêve de Pâques » pour « arriver à la paix ». « Que débute une trêve de Pâques, mais pas pour recharger les armes et reprendre le combat. Non. Une trêve pour arriver à la paix à travers de véritables négociations », a-t-il déclaré dimanche après avoir célébré en public la messe des Rameaux, place Saint-Pierre. « Quelle sorte de victoire sera celle consistant à planter un drapeau sur un tas de ruines ? » s’est interrogé le pape à propos d' »une guerre qui chaque jour met devant nos yeux d’odieux massacres et des cruautés atroces commis contre des civils sans défense ».
En Allemagne, plusieurs rassemblements prorusses se sont tenus ce week-end à l’initiative de l’importante communauté russophone du pays, qui s’estime victime de discriminations depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Ce dimanche, environ 600 personnes, brandissant une marée de drapeaux tricolores russes, se sont réunies dans le centre de Francfort sous le mot d’ordre « contre la haine et le harcèlement », a constaté l’AFP. Autant de personnes étaient rassemblées au même moment à Hanovre, dans le nord du pays, à l’appel de membres de la communauté russophone, a fait savoir la police locale à l’AFP. La veille, des manifestations du même type s’étaient tenues à Lübeck, dans le nord de l’Allemagne, comptant 150 participants, selon la police, ainsi qu’à Stuttgart. A Francfort, les protestataires se sont d’abord retrouvés près du quartier des banques de la ville, faisant face à une contre-manifestation pro-Ukraine d’une centaine de personnes, les deux camps étant séparés par un important cordon de police.
En Ukraine, l’agence des gardes-frontières annonce qu’environ 2 200 Ukrainiens en âge de combattre ont été arrêtés à ce jour alors qu’ils tentaient de quitter le pays, en violation de la loi martiale. L’agence explique que certains d’entre eux ont utilisé de faux documents et que d’autres ont tenté de corrompre les gardes-frontières pour sortir du pays. D’autres – dont le nombre n’est pas précisé – ont trouvé la mort en tentant de traverser les Carpates par mauvais temps. En vertu de la loi martiale, les hommes ukrainiens âgés de 18 à 60 ans n’ont pas le droit de quitter le pays, afin de rester disponibles pour combattre.
Depuis le 24 février, plus de 4,4 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays selon les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). L’ONU estime, par ailleurs, à 7,1 millions le nombre de déplacés à l’intérieur du pays. Une collecte internationale de fonds a permis de réunir 10,1 milliards d’euros destinés à aider ces déplacés et réfugiés ukrainiens. Elle était organisée par l’Union européenne, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et l’organisation internationale Global Citizen.
