Une usine de la région de Kiev fabriquant des missiles Neptune que l’armée ukrainienne avait dit avoir utilisés pour frapper le croiseur russe Moskva, a été touchée dans la nuit par une frappe russe. Un atelier de l’usine et un immeuble administratif la jouxtant, situés dans la localité de Vychneve, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale ukrainienne, ont été gravement endommagés, a pu voir l’AFP. Une cinquantaine de véhicules garés sur le parking à proximité ont aussi eu leurs vitres soufflées. Le porte-parole du ministère de la défense russe avait annoncé un peu plus tôt que la Russie avait détruit un atelier de production et de réparation de systèmes de missiles anti-aériens de longue et moyenne portée ainsi que de missiles antinavires de l’usine Vizar, au moyen d’un missile de croisière Kalibr
Moscou affirme que les frappes dans la région de Kiev répondent à une attaque, attribuée à l’Ukraine, d’un village à l’intérieur de la Russie. Mais on peut penser qu’il s’agit de représailles à la suite de la perte du croiseur amiral qui a fini par couler. Non, selon le Kremlin car le Moskva a été victime d’un incendie. Le gouverneur de la région d’Odessa, Maksym Martchenko, a affirmé que des missiles Neptune avaient été utilisés par l’armée ukrainienne pour frapper le croiseur. L’usine Vizar est l’une des usines ukrainiennes qui fabrique ces missiles, selon Ukroboronprom, la holding d’Etat qui chapeaute les usines d’armement ukrainiennes. Ce qui est sûr, c’est que les frappes ont augmenté et que, selon des experts militaires, quelque 500 avions sont prêts à bombarder. Ce que l’on a vu jusqu’à présent ne serait rien par rapport à ce que l’on risque de voir…
Par ailleurs, le parquet général ukrainien a annoncé ce matin sur Telegram que « le 14 avril, des militaires russes ont tiré sur des bus d’évacuation avec des civils dans la localité de Borova, dans la région de Kharkiv. Selon les premières informations, sept personnes ont été tuées et vingt-sept, blessées ». Plus au sud, dans la région de Zaporijia, une personne a été tuée et cinq autres ont été blessées lors de bombardements russes de la ville de Vassylivka où plusieurs maisons, une épicerie et une installation de la station de chemin de fer Tavriïsk ont été endommagées. Cinq personnes ont été tuées dans le Donbass où l’on s’attend à une vaste offensive. A Marioupol, les combats continuent dans la zone industrielle proche du bord de mer.
La télévision publique russe a diffusé jeudi soir des images montrant un jeune homme menotté et présentant une coupure au front, affirmant qu’il s’agit d’Aiden Aslin, un Britannique membre de l’armée ukrainienne. Sa mère, Ang Wood, l’a confirmé au Telegraph, qui a consacré plusieurs articles au jeune homme de 28 ans, y compris avant le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « Aiden est un membre actif des forces armées ukrainiennes, et donc un prisonnier de guerre », qui « doit être traité avec humanité », a-t-elle déclaré au journal, rappelant à Vladimir Poutine la convention de Genève sur les prisonniers de guerre. « Il semble déjà qu’il ait été battu. Il est temps pour le gouvernement britannique de s’impliquer pour assurer la libération d’Aiden », a-t-elle ajouté.
Ont également circulé sur les réseaux sociaux des vidéos portant le logo de la chaîne financée par le Kremlin, RT, où le jeune homme semble mettre en cause la responsabilité de l’Ukraine dans le conflit, images qualifiées de « propagande » par sa grand-mère Pamela Hall auprès de l’agence britannique PA. Selon le Telegraph, Aiden Aslin, connu sous le prénom de Johnny, s’était engagé en 2018 dans la marine ukrainienne et avait acheté une maison dans le pays pour fonder une famille avec sa fiancée. Avant de combattre en Ukraine, Aiden Aslin avait rejoint des Kurdes du YPG (Unités de protection du peuple) pour combattre le groupe Etat islamique en Syrie.
La Russie a bloqué le site Internet de la radio française RFI, qui diffuse des informations en une quinzaine de langues, dont le russe, en pleine vague de répression contre les critiques de la guerre en Ukraine. Elle a aussi bloqué la version russe du site du Moscow Times, média indépendant respecté, en l’accusant d’avoir publié de « fausses informations » . Surtout connu pour sa version en anglais – qui reste accessible – et fondé en 1992, le Moscow Times était le premier quotidien occidental à avoir été publié en Russie. Son édition papier a cessé de paraître en 2017, sur fond de difficultés économiques et de révolution numérique. La majorité de la population russe n’a plus accès qu’aux médias russes, dont la plupart se font les porte-parole de la propagande du Kremlin. Aux termes de lois récemment votées, publier des informations sur le conflit considérées comme fausses par les autorités est puni de lourdes peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison.
A Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères a averti qu’ une adhésion à l’Otan de la Suède et de la Finlande aurait des conséquences pour ces pays et la sécurité européenne. Ces pays « doivent comprendre les conséquences d’une telle mesure pour nos relations bilatérales et pour l’architecture sécuritaire européenne dans son ensemble », a déclaré la porte-parole du ministère, Maria Zakharova, dans un communiqué. « Être membre de l’Otan ne peut renforcer leur sécurité nationale. De facto, (la Finlande et la Suède) seront la première ligne de l’Otan », a-t-elle encore indiqué. D’autre part, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré, vendredi, que la Russie souhaitait développer l’utilisation du rouble pour les exportations d’énergie, ajoutant qu’il était trop tôt pour évoquer un calendrier. « Le président a défini une approche méthodique et progressive pour étendre l’utilisation des monnaies nationales », a expliqué le porte-parole lors d’une conférence de presse téléphonique.
Plus de cinq millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février, selon les chiffres du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR)ce vendredi. Le HCR recensait exactement 4.796.245 réfugiés vendredi. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), environ 215.000 non-Ukrainiens ont également fui le pays.