La Russie a annoncé jeudi avoir mené des frappes «massives» en Ukraine «en représailles» à une récente incursion sur son territoire qu’elle impute à des «saboteurs» de Kiev.
«En réponse aux actes terroristes du régime de Kiev dans la région (russe) de Briansk le 2 mars, les forces armées de la Fédération de Russie ont mené des frappes de représailles massives», a déclaré dans un communiqué le ministère russe de la Défense, affirmant que des missiles hypersoniques «Kinjal» («poignard», en russe) avaient notamment été utilisés. Au moins huit personnes ont été tuées, notamment à Lviv.
Les Ukrainiens ont annoncé avoir intercepté 34 des 81 missiles russes.
Alimentation rétablie à Zaporijia
L’alimentation électrique a été «rétablie» à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les troupes de Moscou et qui avait été coupée du réseau plus tôt jeudi après une frappe russe, a annoncé l’opérateur électrique ukrainien.
«Les spécialistes d’Ukrenergo ont rétabli l’alimentation électrique à la centrale nucléaire de Zaporijjia, interrompue par les frappes de missiles d’aujourd’hui», a indiqué Ukrenergo dans un communiqué publié sur Telegram.

Attaque en Transnistrie ?
La Moldavie a indiqué ce jeudi «enquêter» sur les allégations des autorités de la Transnistrie, sa région séparatiste pro-russe, qui ont affirmé avoir déjoué une attaque imputée à Kiev.
«Les autorités compétentes enquêtent sur ces informations», a réagi le gouvernement sur Facebook, tandis que le premier ministre Dorin Recean a affirmé «ne pas avoir confirmation» et se dit prêt à «répondre à toute provocation».
Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont, eux, dénoncé comme une «provocation orchestrée par le Kremlin» les allégations des autorités de la Transnistrie, qui ont affirmé plus tôt dans la matinée, avoir déjoué un attentat imputé à Kiev.
«Toute déclaration (…) de la fausse “République populaire de Transnistrie” concernant la participation du SBU à la préparation d’un attentat terroriste doit être considérée exclusivement comme une provocation orchestrée par le Kremlin», ont indiqué les services ukrainiens sur Telegram.

Céréales : réunion lundi
La Russie a annoncé la tenue lundi d’une réunion à Genève avec l’ONU sur l’accord céréalier avec l’Ukraine, qui expire le 18 mars et dont les négociations visant à le prolonger ont été jugées jeudi «compliquée» par son chef de la diplomatie.
«Les prochaines séries de consultations sont prévues le 13 mars à Genève, auxquelles participera la délégation interministérielle russe» avec «des représentants de l’ONU», a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d’un point-presse.

Le violoncelliste de Poutine
Quatre employés de la banque Gazprombank Suisse, dont son directeur général, comparaissent depuis mercredi devant la justice suisse pour avoir accepté de gérer des actifs douteux du violoncelliste russe Sergueï Roldouguine, un proche de Vladimir Poutine. Les quatre prévenus sont accusés de ne pas avoir pris les précautions nécessaires pour s’assurer que le violoncelliste et chef d’orchestre russe était l’ayant droit légitime des sommes confiées à la banque entre 2014 et 2016, malgré les «doutes objectifs» que les millions de francs suisses transitant sur son compte auraient dû susciter.

Au regard de la loi suisse, le musicien, qui est aussi le parrain d’une des filles du président russe, aurait également dû faire l’objet de vérifications plus strictes en tant que personne dite politiquement exposée.
Depuis l’annonce de ce procès, la presse suisse s’interroge quant à savoir si le violoncelliste n’a pas agi avec ces comptes comme un «homme de paille» au profit du président russe et de son entourage.
Costumes sombres et cravates, les quatre prévenus – trois Russes et un Suisse dont l’identité ne peut être dévoilée en raison du droit local – se sont présentés au tribunal de district de Zurich, la capitale financière de la Suisse. Les prévenus, qui rejettent les accusations, risquent sept ans de prison avec sursis.
Au moment où les comptes ont été ouverts, des doutes entouraient déjà la provenance des sommes perçues par le chef d’orchestre, une des questions étant notamment de savoir comment un artiste pouvait disposer d’une telle fortune, a souligné le juge qui a demandé aux accusés pourquoi ils n’avaient pas procédé à des vérifications.
«Je rejette les accusations», a déclaré le directeur général de la banque. «Pour moi, personnellement, c’est une situation extraordinaire», a-t-il ajouté, expliquant qu’une condamnation marquerait «vraiment la fin de (sa) carrière».