Au moins trois personnes ont été tuées et deux autres blessées dans une frappe russe à Kherson, dans le sud de l’Ukraine, ont annoncé ce samedi les autorités, deux jours après des tirs d’artillerie meurtriers.
« On a appris que trois personnes avaient été tuées et deux blessées sur le site d’une attaque ennemie sur l’autoroute (qui relie) Mykolaïv à Kherson », a indiqué sur Telegram Oleksandre Prokoudine, le chef de l’administration militaire régionale de Kherson.
Sur place Galyna Kolisnyk, 53 ans, a échappé à la « tragédie », affirme-t-elle. Elle était venue faire le plein et se trouvait « à l’intérieur d’un magasin » quand elle a entendu « des explosions » dehors.
« On est rentrés dedans, puis cinq minutes après cette tragédie a eu lieu », dit-elle à l’AFP. « Notre voiture a été touché… C’est horrible ! ».
Dans un message précédent, M. Prokoudine avait affirmé qu’« une voiture avait pris feu après avoir été touchée par un projectile », évoquant un mort et un blessé initialement.
« Les terroristes russes bombardent à nouveau Kherson. Il y a des blessés et des morts », a pour sa part déploré sur Telegram le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak, sans donner plus de détails à ce stade.
Kherson, ville principale de la région éponyme du sud de l’Ukraine, a été libérée par l’armée de Kiev en novembre dernier après plusieurs mois d’occupation russe. Depuis, les tirs russes sont réguliers sur la région, que Moscou contrôle partiellement.
Bakhmout : à un kilomètre du centre

Les Russes se trouvent actuellement à un tout petit peu plus d’un kilomètre du centre de Bakhmout, une ville que les troupes de Moscou tentent de prendre depuis l’été, a affirmé samedi le patron du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine. « C’est le bâtiment de l’administration municipale, le centre administratif de la ville », a-t-il déclaré, pointant du doigt, du toit d’un bâtiment, un autre édifice dans ce qu’il a dit être Bakhmout.
« C’est à un kilomètre deux cents », a-t-il précisé dans cette vidéo diffusée par le service de presse de son entreprise Concord. « C’est la zone, il y a des combats en cours ». Ces propos étaient invérifiables de source indépendante dans l’immédiat.
D’autre part, le patron de Wagner a expliqué pourquoi il se bat. « Quel est notre objectif ? Pourquoi nous battons-nous? L’objectif est simple. Pour ne pas déshonorer les armes russes, pour ne pas déshonorer la Russie, ne pas amener la Russie au point où elle s’effondre. Très probablement, c’est l’objectif des services de renseignement américains et britanniques, qui travaillent à long terme et travaillent à détruire la Russie ».
Des voitures lettones…

En plus des chars, canons et autres matériels, et comme l’explique le New York Times, la Lettonie a décidé d’envoyer une aide à la source beaucoup plus originale: les véhicules personnels saisis à des conducteurs ou conductrices ayant pris la route sous l’emprise de l’alcool. Un premier de ces convois de Volvo, Toyota et Peugeot chipées à d’indélicats chauffards —et devenues, par la loi, la propriété de l’État letton– est déjà parti pour l’Ukraine, comme l’a montré en photos le récent post Facebook de l’administration fiscale du pays.
«C’est un soutien important à l’Ukraine, explique un communiqué officiel du gouvernement de Riga, car chaque véhicule envoyé au front se traduit par des vies sauvées.» Transmises aux bons soins de l’opération dirigée par Reinis Poznaks, fondateur d’une association nommée Tviterkonvojs («Convoi Twitter»), les autos sont ensuite transbahutées par camions vers des unités de l’armée ukrainienne, un hôpital à Vinnytsia (au centre-ouest du pays) ou une association médicale à Koupiansk (dans l’est, à une centaine de kilomètres de Kharkiv).
«Personne n’aurait imaginé que tant de gens conduisent leurs véhicules sous l’emprise d’alcool. Et ils ne peuvent pas les vendre aussi rapidement que les personnes qui boivent [et se font de plus en plus arrêter en état d’ébriété, ndlr]. C’est pourquoi j’ai eu cette idée, de les envoyer en Ukraine», a expliqué Reinis Poznaks à Reuters, faisant référence à l’administration fiscale lettone.
Celle-ci a déjà récupéré plus de 200 véhicules en seulement deux mois. Ils ont été saisis à des chauffards pris au volant avec plus de 1,5 gramme d’alcool par litre de sang.
Des wargames pour la contre-offensive
En amont des contre-offensives victorieuses de la fin de l’été 2022, l’État-major de Kiev s’est prêté à des simulations sur table des campagnes à venir, appuyé par les États-Unis.

Appelés «wargames» dans le jargon, ces exercices ont été réitérés début mars sur la base américaine de Wiesbaden, en Allemagne, selon le New York Times , pour préparer d’éventuelles manœuvres à la fin de l’hiver. Très répandu aujourd’hui au sein des armées, notamment dans le monde anglo-saxon, ce type de planifications aux allures ludiques permet d’organiser les conflits présents et d’anticiper les guerres futures, parfois à l’aide d’un plateau de jeu, de cartes, de pions et de dés.
Le «wargaming» comme outil militaire commence avec les Prussiens au XIXe siècle, sous le nom de «Kriegsspiel». «C’est parce que l’État-major prussien pratiquait à haute dose le wargaming que la France a connu une déroute assez spectaculaire en 1870», souligne l’historien Pierre Razoux, dans le podcast Le Collimateur de l’IRSEM.
Aujourd’hui en Ukraine, il serait inexact de dire que les «wargames» sont la cause de la réussite des contre-offensives de la fin de l’été. Mais il est certain que ces modélisations ont permis à l’État-major de Kiev d’exclure certains scénarios et de privilégier in fine une attaque sur deux fronts. L’usage du «wargame» a sans doute ici permis de mettre en lumière les faiblesses de coordination des forces russes et de les exploiter en lançant des offensives multiples.