Le chef de l’organisation paramilitaire Wagner a affirmé ce lundi 5 juin avoir fait prisonnier un officier russe dont l’unité aurait attaqué ses hommes, une énième illustration des tensions qui règnent entre ce groupe armé et les forces régulières russes. «Le 17 mai, des hommes du ministère (russe) de la Défense ont été aperçus en train de procéder au minage de routes à l’arrière des positions des unités Wagner», a écrit Evguéni Prigojine, selon son service de presse, dans un rapport adressé à ce ministère.
«Les combattants de Wagner qui ont procédé au déminage ont été attaqués par des tirs en provenance des positions du ministère de la Défense», d’après la même source. «Une enquête est en cours et plusieurs faits ne peuvent pas être rendus publics, mais je mets ici ce rapport initial et des preuves vidéo de ce qui s’est réellement passé là-bas», a dit Evguéni Prigojine, en conflit ouvert avec le commandement de l’armée régulière russe, dans un message audio accompagnant le texte.

Le patron de Wagner a également diffusé la vidéo de l’interrogatoire d’un officier russe, fait prisonnier, qui se présente comme «commandant de la 72e brigade motorisée, le lieutenant-colonel Roman Vinevitenov». Dans cette vidéo, l’homme avoue «avoir attaqué» Wagner, ajoutant avoir agi «en état d’ébriété, guidé par une animosité personnelle ».
Bakhmout : avancée ukrainienne
Le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandr Syrskyi, a affirmé ce lundi matin sur Telegram que les troupes ukrainiennes continuaient « d’avancer » dans le secteur de Bakhmout, ville récemment conquise par les forces russes au prix de lourdes pertes.
Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a confirmé l’avancée ukrainienne, précisant que les forces de Kyiv avaient repris le contrôle d’une partie du village de Berkhiva, au nord de Bakhmout.
« Désormais, des parties de Berkhiva ont déjà été perdues, les combattants (russes) fuient. Quelle honte ! », a lancé Evguéni Prigojine dans un message audio publié par son service de presse.
Moscou parle, Kiev se tait

La Russie a assuré lundi avoir repoussé une offensive ukrainienne d’envergure dans l’est de l’Ukraine, Kiev gardant pour sa part le silence et entretenant le mystère autour de la grande attaque préparée depuis des mois pour reconquérir les territoires occupés. Dans un premier communiqué, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir contré depuis la matinée du 4 juin des attaques sur cinq secteurs du front «dans la direction sud de la région de Donetsk».
Dans un second communiqué, on peut lire que les forces ukrainiennes ont subi des pertes importantes aux abords de la localité de Neskoutchné, dans la région de Donetsk, et de celle de Novodarivka, juste à la frontière entre cette même région et celle plus méridionale de Zaporijjia. «L’ennemi n’a pas atteint ses objectifs», s’est félicité le ministère, évoquant de lourdes pertes parmi les unités engagées dans cette «offensive» et diffusant des images de blindés en train d’être détruits. Selon le ministère de la Défense, le chef d’état-major de l’armée russe et commandant des opérations en Ukraine, le général Valéri Guerassimov, «se trouvait pendant cette période à l’un des postes de commandement avancés dans cette direction».
Les autorités ukrainiennes n’ont pas fait mention de ces événements.
L’envoyé du pape à Kiev
L’envoyé du pape François pour la paix, le cardinal italien Matteo Zuppi, était attendu ce lundi et mardi à Kiev pour des entretiens avec les autorités du pays sur la guerre avec la Russie, a annoncé le Vatican dans un communiqué. Cette visite intervient alors que les forces russes ont affirmé avoir repoussé «une offensive de grande envergure» menée par l’armée ukrainienne.

«L’objectif principal de cette initiative est d’écouter attentivement les autorités ukrainiennes concernant les possibles moyens de parvenir à une paix juste et de soutenir les gestes humanitaires qui contribuent à alléger les tensions», précise le communiqué.
Radios russes piratées
Plusieurs radios russes, victimes d’un « piratage », ont diffusé lundi un faux discours du président Vladimir Poutine faisant état d’une « invasion » ukrainienne et annonçant la mise en place d’une loi martiale dans les régions frontalières de l’Ukraine, ont indiqué les autorités russes.

Ce « discours » affirmant que « les forces ukrainiennes armées jusqu’aux dents (…) et soutenues par Washington ont envahi les régions de Koursk, Belgorod et Briansk », a été diffusé lundi sur les ondes de plusieurs radios dans ces territoires frontaliers de l’Ukraine, selon les autorités locales. La voix et le ton ressemblaient beaucoup à ceux du président russe.
Le même message, attribué à Vladimir Poutine et repris sur quelques réseaux sociaux, annonçait la mise en place de la loi martiale dans ces régions, la prochaine signature d’un décret présidentiel sur la mobilisation générale en Russie et appelait les habitants locaux à évacuer.
« C’était en effet un piratage. Nous sommes au courant », a déclaré aux agences de presse russes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en assurant que le contrôle des fréquences avait été rétabli par les radios concernées.