« Le monde doit réagir », a lancé ce mardi 6 juin le président Volodymyr Zelensky à la suite de la destruction partielle du barrage de Kakhovka dans le sud de l’Ukraine, dont Kiev et Moscou s’accusent mutuellement.
« La Russie est en guerre contre la vie, contre la nature, contre la civilisation », a-t-il réagi sur Telegram, accusant les Russes d’avoir « miné » le barrage avant de le faire « exploser ».
« La Russie a fait exploser une bombe, causant des dommages environnementaux massifs », a affirmé M. Zelensky, dans un discours en visioconférence aux « Neuf de Bucarest », une organisation réunissant neuf pays d’Europe centrale et orientale membres de l’Otan, selon une vidéo partagée par ses services.
« Il s’agit de la plus grande catastrophe environnementale causée par l’homme en Europe depuis des décennies », a-t-il poursuivi, la destruction partielle du barrage de Kakhovka soulevant des craintes quant à des effets importants sur la faune et la flore de cette partie méridionale de l’Ukraine.
« La Russie est coupable d’un écocide brutal », a encore assuré M. Zelensky, jugeant que les forces de Moscou « doivent être tenues pour pleinement responsables ».

Selon le président ukrainien, « il est physiquement impossible de faire sauter (le barrage) d’une manière ou d’une autre de l’extérieur, avec des bombardements », la version avancée par Moscou pour expliquer cette destruction dans la nuit.
La Russie a en effet dénoncé un acte de « sabotage délibéré » de Kiev, estimant qu’un des objectifs de l’Ukraine était de « priver d’eau la Crimée », une péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie.
Plutôt la Russie
L’origine de la destruction partielle du barrage de Kakhovka, sur le Dniepr, n’est pas encore déterminée, mais si l’on « cherche à qui profite le crime », c’est la Russie qui serait désignée coupable. Même si la destruction cause du tort à l’alimentation en eau de la Crimée, elle retarde la contre-offensive ukrainienne en rendant plus difficile le franchissement du Dniepr.
22.000 personnes de 14 villes sont en danger, selon la Russie, dans la région de Kherson et l’électricité a été coupée dans un quartier de Kherson, libéré le 11 novembre dernier. L’Ukraine a entamé l’évacuation de certains habitants. Par ailleurs, la centrale hydroélectrique de Kakhovka a été «totalement détruite» et ne peut être remise en état après une détonation dans la salle des machines, d’après la compagnie hydroélectrique d’État ukrainienne. « 150 tonnes d’huile moteur » se sont déversées dans le Dniepr à la suite de la destruction du barrage hydroélectrique.
La ville de Nova Kakhovka sous contrôle de Moscou est inondée.
Pas de craintes pour Zaporijia ?
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et la Russie ont estimé que la centrale nucléaire Zaporijjia, occupée par Moscou, n’était pas menacée après la destruction partielle d’un barrage hydroélectrique, l’Ukraine affirmant au contraire l’existence d’un risque croissant de catastrophe.

La Russie et l’Ukraine s’accusent mutuellement d’avoir fait exploser le barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr, dans la partie occupée par la Russie de la région ukrainienne de Kherson.
« Il n’y a pas de danger nucléaire immédiat », a affirmé sur Twitter l’AIEA dont les experts présents sur le site « surveillent de près la situation ».
La centrale, située à 150 km en amont du barrage de Kakhovka qui a été au moins partiellement détruit dans la nuit de lundi à mardi, utilise l’eau du fleuve Dniepr pour refroidir le combustible des cœurs des réacteurs.
La direction de la centrale, installée par l’occupation russe, a elle aussi assuré que la situation était sous contrôle.
Comme en 1944
L’invasion russe en Ukraine rappelle que « la liberté n’est pas gratuite », a estimé lundi le chef d’Etat-major de l’armée de terre américaine, faisant un parallèle avec les sacrifices consentis par les Alliés lors du débarquement de 1944.

A Bayeux aux côtés de ses homologues français et britannique, le général James McConville a salué ce que les Alliés de 1944 « ont fait ensemble pour rendre la liberté aux peuples d’Europe. Nous nous trouvons dans une situation très semblable avec l’attaque sans raison de l’Ukraine. Cela nous rappelle que la liberté n’est pas gratuite ».
Les trois militaires se sont réunis dans la ville normande à la veille des commémorations du débarquement allié du 6 juin 1944 sur les côtes normandes tenues par l’Allemagne nazie.
La guerre d’Ukraine est un « retour de l’histoire et des dangereuses confrontations entre grandes puissances », a estimé lors de leur conférence de presse le général anglais Sir Patrick Sanders, ajoutant que l’armée britannique avait « entraîné 10.000 (soldats ukrainiens) en 2022 à partir du mois de juin, et qu’elle espérait en former 25 à 30.000 cette année ».
Selon lui, « les soldats ukrainiens sont extraordinairement impressionnants, le plus jeune a 18 ans, le plus vieux 65, il ne se reposent pas, ils ne s’arrêtent jamais, ils sont très impliqués pour rejeter les Russes hors de leur pays ».