Après s’être rendu à Kherson jeudi 8 juin pour constater les dégâts de l’explosion du barrage de Kakhovka, Volodymyr Zelensky a pris la parole lors d’une allocution vidéo quotidienne. Diffusée aux alentours de 00h30, le président ukrainien y assure que l’Ukraine obtient « des résultats » face aux Russes.
Le président ukrainien a d’abord accusé la Russie de « continuer à bombarder Kherson (…) qui ont déjà été inondées par les terroristes russes » avant d’assurer être « en communication constante » avec les forces armées ukrainiennes situées dans différentes régions du pays. Dans la région de Donetsk, où les batailles sont « très difficiles », « il y a un résultat et je suis reconnaissant à tous ceux qui assurent ce résultat ! », a assuré Zelensky.

À Bakhmout, « bravo, je remercie nos guerriers », a-t-il ajouté. « Avdiivka, Maryinka, tout l’est, la situation dans le sud », a énuméré le président ukrainien avant de se raviser. « Mais ce n’est pas le moment d’en parler aujourd’hui », a-t-il finalement conclu. Autant d’indices qui pourraient laisser à penser que la contre-offensive ukrainienne annoncée il y a quelques mois est bel et bien en marche. Pour le moment, très peu d’éléments de communication autour de l’opération ont été divulgués.
Récemment, dans une vidéo diffusée par le ministère de la Défense ukrainien, le mot était passé de garder le silence. On y voyait des militaires porter leur doigt à la bouche en faisant le signe « chut ». « Les plans aiment le silence, il n’y aura pas d’annonce de quand ça commencera », était-il écrit sur les réseaux sociaux.
Moscou repousse…

« Au cours des dernières 24 heures, les forces ukrainiennes ont poursuivi leurs tentatives de mener des offensives dans les régions d’Ioujno-Donetsk et de Zaporijjia », a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Celles-ci ont été repoussées grâce aux « actions décisives (…) des unités des forces russes, de l’aviation et de l’artillerie », selon la même source.
Jusqu’à deux bataillons et des chars ukrainiens ont participé à ces offensives, a affirmé le ministère russe.
Les forces russes ont également effectué des frappes avec des « armes de haute précision » sur des dépôts de munitions, d’armements et de matériel militaire de conception étrangère, notamment des drones en Ukraine, selon le communiqué.
« Toutes les cibles fixées ont été atteintes », assure-t-il.
Responsabilité russe
Les services de sécurité intérieurs ukrainiens (SBU) ont annoncé vendredi avoir intercepté un appel téléphonique prouvant qu’un « groupe de sabotage » russe avaient détruit le barrage Nova Kakhovka dans le sud de l’Ukraine.
La destruction du barrage dans la nuit de lundi à mardi a déclenché des inondations massives, forçant des milliers d’habitants à fuir tout en causant des dégâts à l’environnement.
Le Service de sécurité de l’Ukraine a publié un clip audio d’une minute et demi de la supposée conversation téléphonique sur Telegram.
Reuters n’a pas pu vérifier l’enregistrement de manière indépendante. La Russie, qui a accusé Kiev d’avoir détruit le barrage, n’a pas commenté son contenu dans l’immédiat.
« Ils (les Ukrainiens) ne l’ont pas détruit. C’était notre groupe de sabotage », dit l’un des hommes sur l’enregistrement, décrit par le SBU comme un soldat russe. « Ils voulaient effrayer les gens avec ce barrage ».
« Cela ne s’est pas passé comme prévu et ils ont fait plus que ce qu’ils avaient prévu. »
L’homme a également déclaré que des « milliers » d’animaux avaient été tués dans un « parc safari » situé en aval du barrage.

L’autre interlocuteur s’est étonné de l’affirmation du soldat selon laquelle les forces russes, qui occupaient le barrage depuis l’invasion en février 2022, l’avaient détruit.
Le SBU n’a pas donné d’autres détails sur la conversation ni sur ses participants. Il a indiqué qu’il avait ouvert une enquête pour crimes de guerre et « écocide ».
Explosion détectée
Un institut de sismologie norvégien a détecté « une explosion » provenant de la région du barrage ukrainien de Kakhovka au moment de sa destruction mardi, a indiqué un de ses hauts responsables vendredi 9 juin. Cette annonce conforte l’idée selon laquelle ce barrage hydroélectrique situé dans une zone sous contrôle russe n’a pas cédé du fait de dommages subis lors de bombardements au cours des mois précédents, mais a bien été ciblé mardi.
Armes nucléaires en Biélorussie

La Russie commencera à déployer des ogives nucléaires en Biélorussie au cours du mois de juillet, a déclaré ce vendredi Vladimir Poutine, semblant contredire son allié Alexandre Loukachenko, qui avait annoncé le mois dernier que ce transfert avait déjà commencé.
« Comme vous le savez, l’aménagement des installations [accueillant les armes nucléaires] sera achevé le 7 ou le 8 juillet, et nous prendrons immédiatement les mesures liées au déploiement des armes en question sur votre territoire », a déclaré M. Poutine lors d’un entretien avec son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko, à Sotchi (sud-ouest de la Russie). « Tout se déroule selon le plan », a ajouté le président russe lors de cet échange, dont une partie a été retransmise en direct à la télévision.
Les armements nucléaires dits « tactiques » peuvent provoquer d’immenses dégâts, mais leur rayon de destruction est plus limité que celui d’armes nucléaires « stratégiques ».