Un homme a été tué et des infrastructures portuaires endommagées par de nouvelles frappes nocturnes russes sur la région d’Odessa, a annoncé jeudi le gouverneur local, Oleg Kiper, sur Telegram.
« Les Russes ont tiré des missiles Kalibr depuis un sous-marin en mer Noire », a indiqué M. Kiper, ajoutant que la frappe avait fait un mort, endommagé l’équipement d’un terminal pour cargo et détruit un petit bâtiment ainsi que deux voitures.
La Russie a multiplié depuis la semaine dernière ses attaques contre la région d’Odessa, après s’être retirée d’un accord international qui avait permis d’exporter les céréales ukrainiennes par la mer Noire malgré l’invasion russe du pays.
Au total, les forces russes ont lancé sur l’Ukraine dans la nuit de mercredi à jeudi deux missiles Kalibr et huit drones explosifs Shahed de fabrication iranienne, a indiqué l’armée de l’air ukrainienne dans la matinée.
« Les Kalibr ont attaqué les infrastructures portuaires dans la région d’Odessa, malheureusement, ils n’ont pas pu être abattus », a précisé l’armée de l’air sur Telegram.
En revanche, la défense aérienne a détruit tous les Shahed au-dessus des régions de Khmelnytsky (ouest), Dnipropetrovsk (centre-est) et Donetsk (est).
La « plupart » de ces drones visaient un aérodrome militaire à Starokostiantyniv (région de Khmelnytsky), située à des centaines de kilomètres de la ligne de front, a relevé le porte-parole de l’armée de l’air Iouri Ignat, selon lequel ce site avait déjà été attaqué par les Russes la veille.
Mercredi, la région de Khmelnytsky avait été visée par quatre missiles hypersoniques russes Kinjal, très difficiles à abattre, avait indiqué l’armée de l’air, sans préciser si elle avait réussi à les détruire.
Par ailleurs, dans le nord-est de l’Ukraine, une personne a été tuée à la suite d’une autre frappe nocturne sur la petite ville de Kivcharivka, dans la région de Kharkiv (nord-est), a déclaré le gouverneur Oleg Sinegoubov.
Une bombe aérienne est tombée à côté d’un immeuble résidentiel à cinq étages, a précisé le gouverneur sur Telegram, ce qui a tué une femme de 74 ans et blessé quatre autres personnes, a-t-il précisé.
Une salve d’attaques
L’armée russe a affirmé ce jeudi avoir frappé des aérodromes, des centres de commandement ukrainiens et des sites de stockage d’armes occidentales lors d’une nouvelle salve d’attaques nocturnes ayant visé l’Ukraine.
«Les forces armées russes ont mené des frappes avec des armes aériennes et maritimes de haute précision et de longue portée contre des aérodromes, des centres de commandement et de déploiement des forces armées ukrainiennes, des ateliers d’assemblage et des sites de stockage de drones navals ainsi que de missiles, d’armes et d’équipements militaires» occidentaux, a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Les services de sécurité russes (FSB) ont également affirmé avoir déjoué une attaque ukrainienne contre un navire militaire en mer Noire.
L’offensive principale ?
L’offensive principale de l’armée ukrainienne a-t-elle débuté ? Les forces de Kiev ont lancé mercredi 26 juillet une «attaque massive» au sud du village d’Orikhiv, dans la région de Zaporijjia, selon les propres termes du ministère russe de la Défense, qui assure l’avoir «repoussée». Diverses sources pro-Kremlin confirment qu’un assaut d’ampleur a eu lieu, et que certaines positions défensives russes ont été percées. D’après l’Institute for the Study of War (ISW), qui s’appuie sur des images géolocalisées, les forces ukrainiennes auraient avancé de 2,5 kilomètres, avant d’être légèrement repoussées.
Le président Vladimir Poutine lui-même a indiqué, depuis Saint-Pétersbourg où se déroule un sommet Russie-Afrique, que les combats s’étaient «considérablement intensifiés» dans cette zone. Selon deux responsables du Pentagone cités par le New York Times , Kiev pourrait être en train de développer la phase principale de sa contre-offensive, lancée au début du mois de juin, et qui progresse lentement depuis. D’après eux, l’Ukraine a engagé dans cette nouvelle attaque bon nombre d’unités entraînées et armées par l’Occident. Ils évoquent plusieurs milliers de soldats jusqu’ici placés en réserve.
Dans son compte rendu du 26 juillet, le ministère russe de la Défense évoque «une attaque massive par les forces de trois bataillons renforcés de chars», soit environ 3000 hommes. Une opération d’une rare ampleur dans la phase actuelle des combats, même si ce nombre demeure relativement restreint. Un blogueur militaire russe a comptabilisé 80 véhicules blindés, quand les autres en ont plutôt dénombré entre 30 et 40. L’ISW reste néanmoins prudent, indiquant qu’il n’avait pas encore récolté de preuves visuelles corroborant de tels chiffres.
En revanche, des images géolocalisées, et datant du 27 juillet, semblent confirmer une percée ukrainienne.
Des traces d’explosif
Dans le cadre de leur enquête ouverte pour « terrorisme » sur l’attaque récente du pont de Kertch qui relie la péninsule de Crimée annexée par Moscou à la Russie, les services de sécurité russes (FSB) annoncent avoir découvert des traces d’explosifs dans la cale d’un navire à cargaison sèche faisant route jusqu’à Rostov-sur-le-Don (Russie) pour récupérer une cargaison de céréales.
« Le 26 juillet, des traces d’explosifs – dinitrotoluène et trotyl – ont été trouvées dans la cale et à bord d’un canot de sauvetage d’un navire étranger à cargaison sèche, BMO River, en route depuis le port de Sinop, en Turquie, via le détroit de Kertch vers Rostov-sur-le-Don pour récupérer une cargaison de céréales. Il a été établi que le navire a fait escale au port maritime ukrainien de Reni dans la région d’Odessa deux fois en juin et en juillet », indique le FSB cité par l’agence de presse russe officielle TASS.
Le bâtiment a été interdit d’emprunter le détroit de Kertch (entre la Russie et la Crimée) en passant sous le pont endommagé et d’interdire son départ ultérieur au-delà des eaux territoriales de la Fédération de Russie, précise le FSB. Samedi, déjà, des traces d’explosifs ont été retrouvées dans la cale d’un autre cargo étranger naviguant de la Turquie vers Rostov-sur-le-Don pour récupérer une cargaison de céréales.
Attaques repoussées
Le ministère russe de la Défense a déclaré que les forces ukrainiennes poursuivaient ce qu’il a appelé des attaques « infructueuses » sur plusieurs fronts, selon les médias d’État.
Les forces russes affirment avoir repoussé les attaques ukrainiennes autour du village de Klishchiivka, près de Bakhmout, et au nord de Robotyne, sur la ligne de front à Zaporijia.
Milices privées
Un amendements à la loi modifiant la tranche d’âge de la conscription permet aux gouverneurs de créer des compagnies militaires privées qui seront sous la tutelle de l’État, et extrêmement encadrées.
Leur tâche ? « Assister les forces de sécurité dans la protection de l’ordre public, la lutte contre les saboteurs et les groupes armés illégaux. »
Certes, leurs membres auront le droit de porter des armes. Mais là encore, leur usage est strictement encadré : uniquement pour abattre des drones, répondre à une attaque armée ou contre des lieux protégés.
Qui fournira ces armes ? La loi évoque un vague « organisme autorisé par le gouvernement fédéral ». Les employés seront, en tout cas, tenus de les restituer en cas de liquidation de leur organisation par décret présidentiel, et ce, dans les trente jours.
Tout doit d’ailleurs venir de la présidence : juridiquement, ces compagnies seront en effet des entreprises d’État. Seul Vladimir Poutine pourra approuver la liste des régions autorisées à en avoir. Et ce, dans trois contextes précis seulement : loi martiale, état de guerre, mobilisation.
La mobilisation est officiellement stoppée sur le papier aujourd’hui en Russie. Mais le décret qui l’a lancée, signé il y a presque un an, est pour sa part toujours en vigueur.
Livraisons gratuites de céréales
Le président russe Vladimir Poutine a ouvert le sommet Russie-Afrique, organisé à Saint-Pétersbourg, en promettant de livrer gratuitement « dans les mois qui viennent » des céréales à six pays africains.
« Dans les mois qui viennent, nous serons en mesure d’assurer des livraisons gratuites de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Érythrée », a-t-il assuré dans son discours d’ouverture retransmis à la télévision russe, sur fond d’inquiétudes de pays africains après la récente fin de l’accord sur l’exportation de céréales ukrainiennes en mer Noire.
Sur un post Facebook publié par son bras droit Dmitri Sytyi, le patron de groupe de mercenaires serre la main d’un officiel centrafricain, Freddy Mapouka, chef du protocole du président de la République Touadéra. Mais le cliché n’est pas authentifié à ce jour.
Escrimeuse disqualifiée
La disqualification aux Championnats du monde de l’escrimeuse ukrainienne Olga Kharlan après avoir refusé de serrer la main de son adversaire russe est une décision «absolument scandaleuse», a dénoncé jeudi un proche conseiller du président Volodymyr Zelensky.
«La décision de la Fédération internationale d’escrime est la manifestation d’un manque total d’empathie» et est «absolument scandaleuse», a dénoncé sur Instagram Mikhaïlo Podoliak, avant de remercier Olga Kharlan d’avoir «dignement représenté» l’Ukraine dans la compétition.