La ville de Sievierodonetsk, dans la région de Louhansk, dans l’est de l’Ukraine, est l’une des « priorités tactiques immédiates », écrit le ministère de la défense britannique dans son rapport publié dimanche. L’Institut pour l’étude de la guerre (Institute for the Study of War, ISW), une organisation non gouvernementale américaine, décrit pour sa part que « les forces russes ont intensifié leurs offensives pour encercler et capturer Sievierodonetsk. Elles continueront probablement à le faire dans les jours à venir, car les offensives sur d’autres axes, comme celui d’Izioum sont au point mort ».
Des frappes aériennes russes ont frappé les forces ukrainiennes dans les régions de Mykolaïv et du Donbass, ciblant des centres de commandement, des troupes et des dépôts de munitions, a annoncé dimanche le ministère russe de la Défense. Le général de division Igor Konashenkov, porte-parole du ministère de la défense, a déclaré, selon l’agence de presse russe Tass, que des missiles lancés par voie aérienne avaient touché trois points de commandement et quatre dépôts de munitions dans le Donbass. De son côté, Serhi Haïdaï, le gouverneur ukrainien de Louhansk, a déclaré que les troupes russes avaient détruit un pont entre Sievierodonetsk et Lyssytchansk. Des combats se sont déroulés continuellement à la périphérie de Sievierodonetsk, a-t-il ajouté.
Les services britanniques évoquent aussi l’apparition de nouveaux véhicules de soutien, les BMPT « Terminator ». La Russie a développé ce blindé pour fournir une protection aux chars de combat qui évoluent sans le soutien de l’infanterie
Loi martiale et mobilisation prolongées
Lors de deux votes, le Parlement ukrainien, la Rada, a approuvé dimanche par la majorité absolue les décrets présidentiels sur la loi martiale et la mobilisation générale, qui ont été prolongées dimanche de trois mois, jusqu’au 23 août. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait signé le 24 février ces deux décrets. Ils ont déjà été prolongés à deux reprises pour une durée d’un mois.
Fermé depuis le 24 février, l’opéra de Kiev a rouvert, samedi soir, pour une représentation du Barbier de Séville, de Rossini, rapportent le Guardian et le New York Times. L’opéra a été obligé de s’adapter : s’il compte plus de 1 300 places, il n’a pu vendre que 300 billets. En cas d’alerte, le public doit pouvoir se réfugier dans les vestiaires qui servent d’abri antiaérien. Ce dimanche, les spectateurs devaient assister à une représentation de Natalka Poltavka du compositeur ukrainien Mykola Lysenko.
Crise sanitaire à Marioupol ?

Le maire de Marioupol, Vadym Boïtchenko, a déclaré samedi sur Telegram que les enterrements massifs dans des fosses peu profondes et la panne des systèmes d’égouts pourraient provoquer une crise sanitaire. « 100 000 personnes continuent de vivre sans eau. L’égout ne fonctionne pas. Il y a des enterrements chaotiques dans toute la ville. Pendant les pluies d’été typiques de Marioupol, tout cela arrivera aux rivières, à la mer et aux sources, où les gens puisent leur eau. C’est pourquoi nous avons besoin de corridors verts durables pour l’évacuation des habitants de Marioupol », a-t-il alerté.
Des échanges ?
La Russie va étudier la possibilité d’échanger des combattants du régiment ukrainien Azov faits prisonniers contre Viktor Medvedtchouk, un proche de Vladimir Poutine, a déclaré samedi un député et négociateur russe, Léonid Sloutski. Viktor Medvedtchouk est un politicien et riche homme d’affaires ukrainien réputé proche du président russe qui a été arrêté mi-avril en Ukraine, alors qu’il était en fuite depuis le début de l’offensive du Kremlin fin février.
«Nous allons étudier la question», a affirmé ce membre de la délégation russe lors des dernières négociations avec Kiev, cité par l’agence de presse Ria Novosti. S’exprimant depuis la ville séparatiste de Donetsk, dans le sud-est de l’Ukraine, il a précisé que l’éventualité d’un tel échange sera évoquée à Moscou par «ceux qui en ont les prérogatives».
« Seule l’Ukraine a le droit »
«Seule l’Ukraine a le droit de décider de son avenir», a déclaré le président polonais aux députés réunis à Kiev. En déplacement en Ukraine, le chef d’Etat est le premier à s’exprimer devant la Rada ukrainienne depuis le début de l’invasion russe. «Des voix inquiètes se sont élevées disant que l’Ukraine devrait céder aux exigences de Poutine», a déclaré Andrzej Duda. Une allusion à la France ? Le président Zelensky a reproché à plusieurs reprises à Emmanuel Macron de vouloir ménager le président Poutine, et de vouloir créer une «communauté politique européenne» pour intégrer l’Ukraine sans attendre l’adhésion pleine et entière à l’UE, objectif insuffisant aux yeux du président ukrainien. «Seule l’Ukraine a le droit de décider de son avenir», a insisté le président de la Pologne face aux députés ukrainiens. «Rien (ne se fera) sur vous sans vous».
Samedi, un proche de Zelensky a affirmé que l’Ukraine n’acceptera pas de cessez-le-feu avec la Russie et n’acceptera aucun accord avec Moscou impliquant une cession de territoire.
L’UE ? Dans quinze ans…

L’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne prendra « sans doute 15 ou 20 ans », a estimé dimanche le ministre français délégué français aux Affaires européennes, en préconisant que Kiev entre en attendant dans la communauté politique européenne proposée par le président Macron.
« Il faut être honnête. (…) Si on dit que l’Ukraine va rentrer dans l’UE dans 6 mois, 1 an ou 2 ans, on ment. Ce n’est pas vrai. C’est sans doute 15 ou 20 ans, c’est très long », a affirmé Clément Beaune sur les ondes de Radio J.
« Je ne veux pas qu’on vende aux Ukrainiens des illusions et des mensonges. Si l’on dit aux Ukrainiens : « Bienvenue dans l’UE+, mais vous n’avez pas lu sur le contrat, en note de bas de page, +Coucou c’est dans 15 ans », je pense qu’on prépare demain des déceptions pour toute une génération du peuple ukrainien », a-t-il poursuivi. « En attendant, on doit aux Ukrainiens (…) un projet politique dans lequel ils peuvent rentrer », a poursuivi M. Beaune. La communauté politique européenne proposée par le président Macron est « complémentaire de l’UE » et « peut offrir un projet politique et concret à des pays qui ne sont pas dans le cœur de l’UE et qui veulent se rapprocher de nous », a encore observé le ministre.