Trois mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, les forces aériennes russes intensifient leurs opérations. L’augmentation des sorties et le recours à de nouvelles tactiques pourraient avoir joué un rôle crucial dans la percée effectuée par l’armée russe, depuis la mi-mai, dans l’est du Donbass, au niveau de la ville de Popasna.
De nombreuses images diffusées par le ministère de la défense russe, la télévision d’Etat ainsi que des vidéos postées sur les réseaux sociaux russes montrent des tirs de roquettes et de missiles guidés depuis des Su-25 [avions d’attaque au sol] et des hélicoptères d’attaque contre les lignes de défense ukrainiennes, sur toute la ligne de front entre Donetsk et Sloviansk.
Les forces russes ont progressé vers le centre de Severodonetsk, ville dans l’Est de l’Ukraine, pilonnée depuis des semaines et où se déroulent désormais des combats de rue, a indiqué ce lundi le gouverneur de la région.
Dans le sud de l’Ukraine, Kiev dit reprendre du terrain dans la région de Kherson, aux mains des Russes depuis le début de l’invasion. L’armée ukrainienne, qui affirme avancer du côté des villages d’Andriïvka, de Lozove et de Bilozirka, rapporte que les forces russes ont fait venir des forces spéciales à Mykolaïv, la ville voisine, « dans le dessein de mener des actions offensives pour récupérer des positions perdues ». Cette région avait été entièrement conquise par l’armée russe après son offensive lancée le 24 février. Kherson est située près de l’embouchure du Dniepr, sur la mer Noire.
Une voiture piégée a explosé ce matin à Melitopol, faisant deux blessés, a fait savoir l’administration prorusse de la ville occupée par les forces russes, qui accuse Kiev d’être derrière cet « attentat ».
Un journaliste français tué

Un journaliste français a été tué en Ukraine ce lundi, a confirmé Emmanuel Macron. «Journaliste, Frédéric Leclerc-Imhoff était en Ukraine pour montrer la réalité de la guerre. À bord d’un bus humanitaire, aux côtés de civils contraints de fuir pour échapper aux bombes russes, il a été mortellement touché», a tweeté le président de la République. «Je partage la peine de la famille, des proches et des confrères de Frédéric Leclerc-Imhoff, à qui j’adresse mes condoléances. À celles et ceux qui assurent sur les théâtres d’opérations la difficile mission d’informer, je veux redire le soutien inconditionnel de la France», a-t-il ajouté.
Frédéric Leclerc-Imhoff, 32 ans, travaillait depuis six ans pour plusieurs chaines de télévision comme journaliste reporter d’images (JRI) et avait été envoyé en Ukraine pour BFMTV. Selon Reporters sans frontières, il filmait l’évacuation de civils et se trouvait dans un convoi humanitaire bombardé par les forces russe, à proximité de Severodonetsk.
Davantage d’armes françaises.
La France «poursuivra et renforcera» ses livraisons d’armement à l’Ukraine, a annoncé ce lundi la nouvelle chef de la diplomatie française Catherine Colonna, en visite à Kiev. Le président français Emmanuel Macron «a fait part de sa décision au président (ukrainien Volodymyr) Zelensky de poursuivre et même de renforcer (son) appui» militaire à l’Ukraine, a-t-elle déclaré, lors d’une conférence de presse avec son homologue Dmytro Kouleba.
«Cet appui se poursuivra», a affirmé la ministre, évoquant plus précisément «la livraison d’armements». Emmanuel Macron avait déjà annoncé fin avril l’envoi de matériel militaire à Kiev, notamment des canons automoteurs Caesar. Ces obusiers «se sont avérés être des armes fiables et efficaces», a remercié Dmytro Kouleba. «Mais ce ne sont pas les seules armes qui arrivent depuis la France et pour chaque arme, nous sommes reconnaissants».
Catherine Colonna a indiqué que d’autres livraisons d’équipement militaire pourraient avoir lieu dans «les prochaines semaines», estimant à deux milliards de dollars le montant total de l’aide versée par la France, sur le plan militaire comme humanitaire. «Pas plus que ses alliés, la France n’est en guerre contre la Russie mais notre engagement est fort en apportant à l’Ukraine des équipements de défense», a ajouté la ministre.
Pour sa part, le président américain Joe Biden a déclaré exclure de livrer à l’Ukraine des systèmes de lance-roquettes (MLRS) à longue portée qui pourraient atteindre la Russie, malgré les demandes répétées de Kiev pour obtenir de telles armes.
Peine capitale pour les soldats d’Azov ?

Les combattants ukrainiens du régiment Azov qui se sont rendus après avoir combattu à Marioupol en Ukraine seront jugés et risquent la peine de mort, a affirmé ce lundi un responsable du territoire séparatiste prorusse de Donetsk. «Tous les prisonniers de guerre se trouvent sur le territoire de la DNR», a déclaré à la télévision russe Iouri Sirovatko, ministre de la Justice de cette république autoproclamée située dans l’est du pays. «Concrètement, nous avons 2.300 prisonniers de guerre de l’aciérie Azovstal», a-t-il précisé, avant d’ajouter que le régiment «Azov est considéré comme une organisation terroriste» et que tous «feront l’objet d’enquêtes criminelles» en vue d’un procès. «De tels crimes sont passibles chez nous de la peine capitale, la peine de mort», a conclu le ministre.
Pétrole : le niet d’Orban…
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a affirmé qu’il n’y avait « pas de compromis » acceptable « pour l’instant » concernant un embargo européen sur le pétrole russe, exigeant des « garanties » pour l’approvisionnement de son pays. Le texte proposé prévoit un embargo sur le pétrole russe d’ici la fin de l’année, « avec une exemption temporaire pour le brut acheminé par oléoduc ». La Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation du pétrole russe acheminé par l’oléoduc Droujba qui passe notamment par l’Ukraine.
M. Orban a jugé que cette exemption était une « bonne solution ». « Ce qui nous pose problème, c’est si quelque chose arrivait à l’oléoduc transportant le pétrole russe, ce dont les Ukrainiens et d’autres ont parlé », a-t-il expliqué. Dans ce cas « nous avons besoin d’une garantie que nous pourrions recevoir du pétrole par la mer ou d’ailleurs ».
« D’abord, nous devons trouver des solutions et après, les sanctions », a averti le dirigeant souverainiste, fustigeant le « comportement irresponsable » de la Commission européenne qui a préparé le paquet de sanctions.
