Kiev et Moscou ont de nouveau échangé samedi des accusations de tirs sur la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe, occupée par la Russie et visée à plusieurs reprises depuis une semaine.
« Limitez votre présence dans les rues d’Energodar ! Nous avons reçu des informations sur de nouvelles provocations de la part des “occupants russes”, a indiqué sur Telegram l’agence nucléaire ukrainienne Energoatom, republiant le message d’un dirigeant local d’Energodar – ville dans laquelle se trouve la centrale – resté loyal à Kiev.
« Selon les témoignages des habitants, des bombardements sont à nouveau en cours en direction de la centrale nucléaire de Zaporijjia (…) L’intervalle entre le départ et l’arrivée des tirs est de 3-5 secondes », ajoute le message.
De leur côté, les autorités d’occupation installées par la Russie dans les zones qu’elle occupe dans la région de Zaporijjia ont sans surprise accusé les forces ukrainiennes d’être à l’origine de ces tirs.
« Energodar et la centrale nucléaire de Zaporijjia sont à nouveau sous le feu des militants (du président ukrainien Volodymyr) Zelensky », a déclaré sur Telegram un membre de l’administration militaire et civile prorusse, Vladimir Rogov.
Les projectiles sont tombés « dans des zones situées sur les berges du Dniepr et dans la centrale », a-t-il affirmé, sans faire état de victime ni de dégâts.
Le fleuve Dniepr (Dnipro en ukrainien) sépare les zones aux mains des Russes de celles contrôlées par les autorités ukrainiennes.
Au moins trois personnes ont été tuées, vendredi, par un bombardement russe sur Kramatorsk, une des dernières grandes villes encore sous contrôle ukrainien de la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, a annoncé son maire, Oleksandr Hontcharenko. Des rapports précédents faisaient état de treize blessés et d’au moins vingt bâtiments résidentiels endommagés lors de l’attaque.
Russie : PIB en baisse
Le produit intérieur brut de la Russie s’est contracté de 4 % au deuxième trimestre de cette année par rapport à celui de l’année 2021, a annoncé vendredi Rosstat, le service statistique de l’Etat.
C’est le premier trimestre complet depuis que la Russie a envahi l’Ukraine le 24 février. Le pays est touché par plusieurs séries de sanctions internationales depuis le début de la guerre en Ukraine, notamment des sanctions qui ont coupé certaines banques russes du système de transfert international Swift, ainsi que par le départ de nombreuses entreprises étrangères.
Selon le rapport du service Rosstat, le commerce de gros a baissé de 15,3 % et le commerce de détail de 9,8 %. Ces chiffres semblent couper l’élan économique de la Russie, qui avait signalé des augmentations considérables de son PIB au premier trimestre de 2022 et pour les trois derniers trimestres de 2021.
Ukraine : notation en baisse
L’agence de notation S&P a abaissé vendredi la notation de l’Ukraine, qui est désormais étiquetée « SD », ou défaut de paiement « sélectif », dernier cran avant le défaut de paiement, en raison du moratoire sur sa dette extérieure obtenue mercredi.
« Compte-tenu des termes et conditions annoncés de la restructuration, et conformément à nos critères, nous considérons cette transaction comme (…) équivalant à un défaut », indique S&P dans un communiqué.
L’Ukraine a obtenu de la part de ses créanciers internationaux un moratoire de deux ans sur sa dette extérieure, évaluée à 20 milliards de dollars
Les notes de la dette à long et court terme en devises étrangères sont dégradées de CC/C à SD. L’agence ne l’accompagne pas, comme c’est le cas pour les autres notations, d’une perspective indiquant si elle envisage de relever ou abaisser, ou de la maintenir.
Un pays est considéré en défaut de paiement quand il est incapable d’honorer ses engagements financiers auprès de ses créanciers, qui peuvent être des États, des institutions financières (Fonds monétaire international, Banque mondiale, etc.) ou des investisseurs sur les marchés financiers. Le défaut est qualifié de partiel quand l’État ne rembourse pas une partie de ses obligations.
Crimée : le Pentagone ne sait pas
Le Pentagone a assuré ne pas avoir d’informations sur la cause des récentes explosions sur une base militaire russe en Crimée, tout en soulignant que les Etats-Unis n’avaient livré à Kiev aucune arme permettant de mener une telle frappe.

L’aéroport militaire russe de Saki, en Crimée annexée en 2014 par la Russie, a été fortement endommagé mardi par une série d’explosions présentées comme accidentelles par Moscou mais que les experts attribuent à une attaque des forces ukrainiennes.
« Nous n’avons rien qui indique s’il y a eu un lancement de missile ou non, je ne peux pas dire s’il y a eu du sabotage ou non », a déclaré à la presse un haut responsable militaire américain. « Je l’ignore ».
« Ce que je peux vous dire, c’est que ce n’était pas une frappe d’ATACMS, parce que nous ne leur avons pas donné d’ATACMS », a ajouté ce haut gradé ayant requis l’anonymat, en référence à des missiles balistiques tactiques d’une portée de 300 km, que Kiev tente de convaincre Washington de lui fournir.