« Près de 600 000 enfants dans notre État pourraient se retrouver sans nourriture dans quelques jours parce que le ministère de l’Agriculture joue un jeu illégal de manœuvres politiciennes autour du shutdown », a affirmé le procureur général de Caroline du Nord, l’élu démocrate Jeff Jackson. Aux Etats-Unis, 42 millions de personnes bénéficient d’un programme d’aide alimentaire, le SNAP -Supplémentas Nutrition Assistance Program- dont les fonds proviennent de l’État fédéral. Qui est à l’arrêt.
En effet, le Congrès n’ayant pas adopté la loi de finances pour l’exercice 2026 qui a commencé le 1er octobre, toutes les activités gouvernementales sont arrêtées depuis cette date. C’est le shutdown. Lors du premier mandat de Trump, celui de 2019 avait duré 35 jours.
Vendredi, un juge a ordonné au gouvernement d’utiliser des fonds d’urgence pour financer le Snap. Donald Trump s’est dit ouvert à une telle solution. Sur Truth Social, il a écrit : « «Je ne veux pas que les Américains aient faim (…) Si le tribunal nous donne les directives juridiques appropriées, ce sera MON HONNEUR de fournir le financement» du programme Snap.
Mais sur le fond, le président ne veut rien céder. Depuis début octobre plus de 700 000 fonctionnaires fédéraux ont été mis au chômage technique, sans paie. Et près de 700 000 autres sont obligés de continuer à travailler, mais sans être payés non plus jusqu’à la fin du blocage. La solde des militaires pourrait ne pas être versée en ce mois de novembre. Parallèlement, les perturbations continuent dans le trafic aérien et des parcs nationaux sont fermés.
L’essentiel du débat et du blocage au Congrès vient de l’ « Obamacare ». La loi de finances prévoit la fin des subventions publiques pour ce programme de santé qui bénéficie à 24 millions d’Américains qui n’ont pas d’assurance fournie par leur employeur. Les nouveaux tarifs seront le double, voire le triple des précédents. Impossible pour de nombreuses familles. Les démocrates refusent…
Mercredi, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a dénoncé un « gouvernement dirigé par des oligarques, qui ne se soucient pas des personnes les plus pauvres ». Pour lui, « les républicains ont préféré un shutdown du gouvernement plutôt que l’accès aux soins pour les pauvres ». Donald Trump accuse les démocrates et menace : « beaucoup de bonnes choses peuvent ressortir des shutdowns , on peut se débarrasser de beaucoup de choses dont nous ne voulons pas, et ce seraient des choses démocrates ». 4 000 fonctionnaires ont déjà été licenciés et le directeur du Bureau du budget à la Maison-Blanche, Russell Vought, évoque le chiffre de 10 000, voire bien plus.
Le président veut mettre fin au « filibuster » qui, au Sénat, permet à une minorité de bloquer ou retarder un texte. Naguère, un sénateur pouvait parler sans limite de temps pour retarder les débats. Aujourd’hui, il suffit d’ annoncer son intention d’utiliser ce « filibuster » pour que le texte ne puisse être discuté qu’avec 60 votes favorables sur 100. Les républicains ne disposent que de 53 sièges.
« Il est temps pour les républicains de jouer leur « CARTE TRUMP » et de mettre en œuvre ce qu’on appelle l’Option Nucléaire – se débarrasser du Filibuster, et s’en débarrasser MAINTENANT ! », a écrit le président américain dans la nuit de jeudi à vendredi sur Truth Social. Au cours de son premier mandat, le républicain avait déjà tenté, en vain, de mettre fin au « filibuster ».
Le président affirme que ce shutdown provoqué par les démocrates « détruit le pays ». Ses concitoyens ne semblent pas le suivre : selon une enquête d’opinion pour ABC et le Washington Post publiée jeudi, 45% des interrogés attribuent la responsabilité du shutdown en premier lieu à Donald Trump et aux républicains au Congrès, contre 33% aux élus démocrates.
