La dette, son « Himalaya », c’est son obsession depuis toujours, une constante dans sa vie politique. « C’est un chiffre tellement astronomique qu’on se dit qu’il n’a pas de réalité. Si on divise cette dette par le nombre des Français, ça fait 15.000 euros par tête ». On était en 2002 quand le candidat à la présidentielle, François Bayrou, s’inquiétait de son montant, 1000 milliards.
Ce n’était pas son premier cri d’alarme. En 1993, il avertissait : « le peuple français a besoin de vérité. Nous sommes le pays en Europe qui a le déficit le plus important. (…) Ça veut dire qu’on vit à crédit, et le crédit naturellement, il faudra le payer. Et qui le paiera ? Comme toujours ce seront les plus faibles. En bout de course, ce sont eux qui trinqueront. (…) Et donc la vérité, le courage consiste à dire : « Nous avons un problème de déficit public, ce problème doit être réglé avant de baisser les impôts »».
Aujourd’hui Premier ministre, le Béarnais tient toujours le même discours. Ce qui a changé, ce sont les chiffres : un peu plus de 3 401 milliards de dette publique, soit 49 995 euros par habitant et plus de 1737 milliards d’intérêts payés depuis 1974.
Le 15 juillet, le Premier ministre de la France a solennellement proposé à ses concitoyens un plan pour dire « stop à la dette ». Il a décidé de ne pas prendre de vacances pour avoir le temps de le peaufiner. Et ce mardi, il franchit une nouvelle étape, il se fait influenceur sur Youtube et créateur de podcast, FBDirect, pour expliquer et convaincre de la nécessité vitale de faire des efforts douloureux.
« C’est un moment si crucial que je ressens le besoin de parler en direct avec les Français. Pour que chacun d’entre eux, personnellement, se forge une opinion », a-t-il déclaré hier au Parisien. « Je n’ai pas l’impression que la classe politique soit, sauf exception, sur le point d’assumer cette responsabilité. Mais les Français, peut-être. Et comme on a tout le mois d’août et le début du mois de septembre, on a là une période de temps qui peut être utile à une telle prise de conscience », se justifie François Bayrou.
Pas facile, ses devoirs de vacances. Comment persuader les Français de contribuer financièrement au « sauvetage » du pays et de travailler plus pour y arriver ? Selon un sondage réalisé par YouGov pour Le HuffPost, 79 % des personnes interrogées se disent opposées au fait de travailler le lundi de Pâques et le 8 mai, comme il l’a suggéré. Et les économistes disent qu’un Français actif travaille autant que les Allemands. Ce qu’il faut, c’est davantage de jeunes et de seniors au travail…
Le Premier ministre français va vite mesurer l’ampleur de sa tâche en lisant les commentaires que vont susciter son podcast et ses séries YouTube. Il aura également l’occasion de se confronter directement aux Français car il a prévu plusieurs déplacements sur le terrain. Seuls 18% d’entre eux sont satisfaits par son plan d’économies pour réduire la dette.