Si jamais il regarde la télé française demain, Donald Trump pourra constater que Marine Le Pen est sortie de la prison où il croyait que la justice l’avait envoyée pour une « erreur comptable mineure dont elle ne savait probablement rien ». Ce soutien à « l’incarnation » du RN ne sera sans doute pas mis en valeur au cours du « grand meeting » parisien destiné à exprimer « l’indignation » suscitée par la condamnation de celle que l’on appelle simplement Marine.
Ce soutien comme ceux, par contre sollicités, des ténors européens de l’extrême droite montre la vraie nature du Rassemblement national qui se place au nom du peuple au-dessus de la loi. Les orateurs de ce dimanche vont s’enferrer dans la défense pratiquée tout le long du procès : l’innocence totale. Le RN ne peut pas reconnaître un détournement, pourtant bien établi : quel effet aurait sur les électeurs la candidature d’une personne qui a avoué avoir volé dans la caisse ?
Les sondages indiquent que 57 à 65% des Français estiment que la condamnation est normale au vu des faits. Et si 49% souhaitent que Mme Le Pen soit candidate en 2027, 64 % sont favorables au maintien de l’exécution provisoire de la peine d’inéligibilité.
Le président du parti et sa candidate poursuivent un but crucial pour l’avenir : conserver le socle électoral au moment où l’ensemble des autres formations politiques soulignent le mépris du RN pour la justice, pour l’Etat de droit. C’est en quelque sorte la fin, ou au moins un net coup d’arrêt, de la dédiabolisation conduite jusqu’à présent avec un réel succès. A l’heure actuelle, impossible pour Marine de gagner les quelque 5% des voix qui lui manquent pour s’installer à l’Elysée.
La question pourrait donc se poser de savoir si le RN doit, ou non, garder la marque Le Pen. 25% des militants estimeraient que cette condamnation permettrait de tourner la page et d’investir Bardella, ce pur produit marketing. Aujourd’hui, Marine Le Pen refuse d’envisager ce plan B et interdit même d’en parler… Dans l’ombre, Marion Maréchal, qui a trahi sa tante, pourrait se souvenir qu’elle est née Marion Jeanne Caroline Le Pen…
Ce dimanche, les militants du RN ne seront pas les seuls à manifester dans Paris : les insoumis et les verts seront place de la République avec pour mots d’ordre : « Pas d’état d’âme pour l’État de droit » et « Ne laissons pas l’extrême droite faire sa loi ».
Dans les deux camps, il s’agira de montrer sa force et de se compter. Le préfet de police Laurent Nunez dit ne pas redouter de débordements mais a annoncé un dispositif policier « important ».
Un troisième meeting, celui de Renaissance, prévu de longue date, aura lieu à la Cité du Cinéma à Saint-Denis où quelque 5 000 personnes sont attendues. Gabriel Attal, l’organisateur, Édouard Philippe et François Bayrou affirmeront leur « défense de la démocratie » et insisteront sur la « confrontation » avec le RN.