Un Tunisien, coiffeur apprécié dans sa petite commune de Puget-sur-Argens, tué par un voisin ouvertement raciste sans inquiéter personne, ni ses amis ni les autorités ; des violences, dégradations et pillages commis par des jeunes venus des banlieues ; plusieurs personnes affiliées aux «Natifs» – nés après la dissolution de Génération identitaire en 2021-jugées ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris pour une action visant la chanteuse Aya Nakamura, quelques mois avant les Jeux olympiques de Paris 2024.
Trois faits graves sans lien apparent. Et pourtant, ils témoignent tous d’un climat malsain, délétère qui règne dans une France où les idées d’extrême droite du Rassemblement national progressent. Le succès du tandem Le Pen-Bardella aux élections européennes et législatives de l’an dernier montre qu’une partie grandissante des électeurs pense qu’effectivement l’insécurité et la criminalité sont le résultat d’une trop forte immigration. Et le rapport sur l’entrisme des frères musulmans , réel mais monté en épingle par le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, aggrave encore la situation encourageant un sentiment anti musulman alors que l’immense majorité des croyants de l’Islam respecte les lois de la République.
Le terme « barbares » employé par Retailleau pour qualifier les jeunes violents du soir et du lendemain de la victoire du PSG, même s’il ne se réfère qu’ à un « manque de civilisation » renvoie forcément à ces hordes d’étrangers qui envahissent un pays alors que ces jeunes sont pratiquement tous Français nés en France.
Le député du RN, Jean-Philippe Tanguy réfute toute responsabilité de son parti et prétend que l’assassin du Tunisien « trahit nos couleurs nationales et les valeurs dont il prétend incarner la défense ». Son allié Eric Ciotti affirme que « la France n’est pas raciste ». Le socialiste Olivier Faure qui espère conserver la tête de son parti, accuse, lui, Bruno Retailleau (LR) de banaliser « un racisme d’atmosphère » et d’entretenir « un climat de suspicion vis-à-vis des étrangers ou des Français vécus comme étrangers ».
De son côté, la droite est en pleine bagarre en vue de la présidentielle de 2027. Edouard Philippe, Gérard Darmanin, Bruno Retailleau, pour ne citer qu’eux, ont besoin de récupérer des voix allant aujourd’hui au RN s’ils veulent avoir une chance. Et, soutenus par le Premier ministre, les ministres de l’Intérieur et de la Justice réclament un durcissement des peines infligées par les magistrats. Les statistiques prouvent que la justice n’est pas laxiste, mais en faisant monter les enchères, ils pensent satisfaire les Français et donc gagner des voix…
Peut-être un certain « racisme d’ atmosphère » mais surtout un climat politique malsain.