Couteaux, armes à feu, tous les jours des morts : on dirait qu’une vague de violence frappe l’Europe comme une épidémie qu’aucun remède connu n’arrête. Les psychologues, psychiatres, médecins, infirmiers se plaignent d’un manque récurrent de moyens ; les politiques répètent que cela suffit, qu’il faut prendre des mesures, des sanctions, regarder la santé morale des jeunes en face. Interdire la vente de couteaux aux moins de quinze ans comme va le faire le Premier ministre français, c’est déjà dans la loi, les portiques de sécurité ne constituent pas une réelle solution. Oui, ces drames ne sont pas des faits divers mais des faits de société. Oui, il faut réagir, mais ces politiques, les opposants, cherchent avant tout à mettre le pouvoir en accusation et ne proposent que des mots. Beaucoup de démagogie et d’instrumentalisation politique.
Il n’existe pas de réponse immédiate, de solution rapide à ce problème dont les causes sont multifactorielles. L’environnement dégradé, l’état du monde, la crainte de guerres prochaines, le sentiment de ne pas avoir d’avenir épanouissant peuvent perturber des jeunes. Le niveau de l’éducation est en baisse depuis des années, le délitement de l’autorité se constate tous les jours et pas que chez les jeunes, le respect n’est plus une valeur partagée, des parents sont débordés ou ont abandonné. D’ailleurs, comment un jeune qui voit ses parents insulter ou frapper des professeurs peut-il être équilibré, ne pas être tenté par la violence ?
Le président français a dénoncé un « brainwashing » (lavage de cerveau) en critiquant la tendance de certains politiques à surexploiter chaque fait divers à des fins politiciennes. Il n’a pas tort car cette montée en épingle peut favoriser des copycats et donne l’impression que cette violence est généralisée, banale. Il dénonce également l’influence des réseaux sociaux, notamment TikTok, qu’il veut interdire aux moins de quinze ans. Ces réseaux mêlant le meilleur et le pire peuvent faire croire aux plus faibles, aux plus instables que tout est permis.
D’autres explications sont avancées. Des études sérieuses menées par des médecins viennent d’indiquer que le confinement lors du covid avait, surtout chez les ex-malades, changé le fonctionnement du cerveau. Le nombre de tentatives de suicide et d’automutilations a explosé chez les jeunes filles en l’espace de cinq ans. Chez les garçons, le nombre de crimes est passé d’une trentaine par an avant 2019 à une quarantaine après cette date. Le cerveau aurait « mûri » plus vite, supprimant une partie de l’adolescence, donc d’une période de formation, perturbant le développement émotionnel, comportemental et social,…
En France, on veut aussi croire que le changement des mentalités et la remise en question des valeurs traditionnelles date de mai 68. Peut-être, mais le mal est européen. Partout, la guérison prendra du temps et passera par l’éducation…