Jusqu’au bout, François Bayrou se sera battu sans arriver à convaincre. Sur tous les plateaux, il aura répété qu’il avait raison contre tous et dénoncé « les oppositions haineuses ». Hier encore, il a insisté sur le média en ligne Brut : «Voilà des formations politiques qui non seulement ne sont d’accord sur rien, mais bien pire que cela, sont en guerre civile ouverte les unes avec les autres (…) Et elles se mettent ensemble pour abattre le gouvernement».
Demain lundi à 15 heures, le Premier ministre français montera à la tribune de l’Assemblée nationale pour demander aux députés de lui accorder la confiance. La confiance pour maîtriser le surendettement dramatique qui menace et entrave le développement. Il n’a pratiquement aucune chance de l’obtenir même s’il veut y croire tout en reconnaissant qu’il est sur le départ. Commentateurs et politologues s’interrogent : que cherche-t-il, que veut-il vraiment ? Partir en martyre qui se sera sacrifié pour le pays ? En lanceur d’alerte pas écouté qui reviendra en briguant la présidence en 2027 ?
Toutes les oppositions et aussi des représentants du « socle commun » sont déjà dans l’après Bayrou et même, pour certains l’après Macron. Les insoumis de Mélenchon réclament et demanderont la démission du président. Les socialistes espèrent Matignon et leur patron, Olivier Faure pense être capable d’exercer le job et de forger des alliances avec le bloc central et les Républicains. Ces derniers sont divisés, mais Retailleau aimerait sauver le gouvernement pour « éviter le chaos »
Très vindicative, Marine Le Pen a fait sa rentrée politique ce dimanche et exigé des élections anticipées. Elle ne pourrait pas se présenter, mais affirme qu’elle est « prête à sacrifier tous les mandats de la terre pour empêcher de massacrer les Français ». Pour elle, la France connaît “un effondrement démocratique, économique, budgétaire et sécuritaire” et le Rassemblement national, se vante-t-elle, est « le seul mouvement politique à avoir lancer l’alerte avec constance sur ce sujet et le seul à n’avoir aucune responsabilité dans ce désastre ».
Tous les partis se sentent capables de mener la France sur le chemin du redressement. Leurs solutions sont diamétralement différentes mais tous disent vouloir trouver des compromis et accusent les autres de « postures » qui les empêchent.
Et les Français ? Ils sont nombreux à penser que leur vie est de plus en plus difficile, que leurs salaires sont trop bas et que les politiques ne s’occupent pas d’eux, ne les représentent pas et ne s’occupent que de leurs propres intérêts. Beaucoup estiment également que des élections anticipées ne changeraient pas grand-chose car elles ne dégageraient aucune majorité. Le même blocage qu’aujourd’hui ? Une crise de régime doublée d’une crise de société. On pourra en mesurer l’ampleur mercredi, jour de « bloquons tout » , mouvement lancé par la droite souverainiste, illustré par un Coluche généré par l’IA et récupéré par Mélenchon. Huit jours plus tard, ce sont les syndicats qui appelleront les salariés à manifester leur colère.