L’agence de presse internationale Reuters estime que la France vit sa « pire crise politique depuis des années ». Les Français confirment, eux qui ont appris tard hier soir que Sébastien Lecornu était reconduit dans ses fonctions de Premier ministre : « cirque », « impasse », « entêtement », « provocation », « bras d’honneur », « exaspération », « grand n’importe quoi » étaient les réactions les plus entendues. Une incompréhension presque totale.
Même le renommé ne semblait pas satisfait. Mercredi soir, il considérait que « ma mission est terminée » et qu’il avait » tout essayé ». Hier soir, il avouait n’accepter que « par devoir » pour « mettre un terme à cette crise politique qui exaspère les Français et à cette instabilité mauvaise pour l’image de la France et ses intérêts ».
Sa tâche principale et urgente sera de présenter et de faire voter un budget avant la fin de l’année. Avant de démissionner, il avait indiqué que ce ne serait pas « son » budget, mais celui que les députés amenderaient et adopteraient. Dans ses discussions avec les partis, il avait compris qu’il n’y arriverait pas. En quoi cela pourrait être différent aujourd’hui ? Une fois de plus, le sort du gouvernement serait entre les mains des socialistes qui se prononcent à priori pour la censure, mais pourraient y renoncer si le gouvernement recule nettement sur la réforme des retraites. Le Premier ministre aurait reçu « carte blanche » du président pour négocier, faire les concessions nécessaires… Il affirme que tous les débats sont possibles et comme il sait que beaucoup redoutent une dissolution, il veut y croire. Même s’il apparaît seul contre tous, Sébastien Lecornu s’en sortira donc peut-être d’autant que les Républicains divisés, qui ne veulent pas participer, refuseraient de censurer.
L’incompréhension, la colère des Français, vise surtout le président Macron. L’essayiste Alain Minc, son allié depuis 2017, le traite maintenant de « pire président de la Vᵉ République ». Cette semaine, quatre des cinq principaux magazines français l’accablent : « M. le président , sortez la tête haute », réclame Le Point, « Le forcené de l’Elysée » considère Marianne, « Une déroute française » affirme L’Express alors que Challenges titre sur « le coût du chaos ». Seul, le Nouvel Obs choisit un autre sujet de tête : « La vie avec le cancer », celle du navigateur Charlie Dalin qui a gagné le dernier Vendée Globe malgré cette maladie. Un bandeau quand même sur « Les raisons d’une crise inédite ».
Que Lecornu surmonte ou non les motions de censure qui l’attendent, les politistes et commentateurs s’accordent sur un point : c’est la fin du macronisme.
