Si le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, se montre prudent, comme la majorité de la classe politique, sur les raisons qui ont poussé un Français de souche de 35 ans, Jean G, à percuter en voiture cinq piétons et cyclistes sur l’île d’Oléron, le Rassemblement national et les médias « Bolloré » d’extrême droite ont réagi au quart de tour et montré, s’il le fallait encore, leur vrai visage.
En affirmant avec raison, comme le gouvernement et l’ensemble de l’opinion, qu’il faut lutter contre l’entrisme islamiste, ils s’en prennent en fait à l’islam, à tous les musulmans. En sous-entendant, vérité fausse et simpliste, que « si tous les musulmans ne sont pas terroristes, tous les terroristes sont musulmans ». Ou convertis, comme pourrait l’être ce Jean G.
Rien ne le prouve, mais cela n’arrête pas les amis de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Sébastien Chenu, vice-président RN de l’Assemblée nationale, affirme que « la menace islamiste n’a jamais été aussi forte, que c’est une guerre qu’il faut mener ici et maintenant. Notre pays a déjà payé un lourd tribut à l’islamisme », ajoute-t-il. Sa collègue Evelyne Diaz s’indigne : « il serait temps que les ministres du gouvernement Macron arrêtent d’euphémiser la situation. Ce n’est pas en tenant des propos à ce point éloignés de la réalité qu’on va réussir à protéger les Français ». Leur allié Eric Ciotti pense tout savoir : « au moment des faits, l’auteur de l’acte effroyable a crié « Allah Akbar » ce qui qualifie cet acte de terroriste islamiste ».
Oui, il a dit “Allahou Akbar” quand il a été arrêté, mais cela ne prouve rien. Oui, il a dit aux enquêteurs avoir découvert récemment l’islam, et qu’Allah lui avait confié une mission. Mais on sait qu’il a regardé des vidéos de francs-maçons, de rituels sataniques, qu’il s’en prenait à Macron à propos de l’Afrique et un de ses anciens amis a confié qu’il voulait se faire baptiser…
Ce qui est sûr, c’est que ce terroriste est un marginal porté sur l’alcool et les stupéfiants qui a des problèmes de comportement. Il apparaitrait que Jean G était en recherche de « réponses spirituelles », sans doute une façon « d’exister ». Dans son trouble, sa faiblesse mentale, il aurait choisi ce moyen mortifère et suivi les « conseils » donnés il y a plus de dix ans par Daesh, de tuer de toutes les manières, y compris la voiture… Et crier Allahou Akbar ne serait que de l’imitation, la reprise de codes qui donnent plus de « valeur », de répercussions à l’acte. Pas la preuve qu’il est musulman.
L’enquête dira, espérons-le, la vérité. Une première indication : le parquet national anti-terroriste ne se saisit pas de l’enquête.
