« Nous vivons dans une époque de crise » mais la « crise de régime » n’aura « pas lieu ». En pleine tourmente gouvernementale, marquée notamment par une démission et une renomination, Sébastien Lecornu s’est exprimé devant l’Assemblée nationale mardi 14 octobre 2025, pour son discours de politique générale.
Voulant échapper à une nouvelle censure, le Premier ministre souhaite « avancer » et « donner un budget sérieux et fiable », tout en promettant au Parlement qu’il aura « le dernier mot ». Il a également répondu à l’une des exigences du Parti socialiste, sur la suspension de la réforme des retraites.
Renoncer au 49.3
Sébastien Lecornu l’affirme : il faut « savoir tirer les bienfaits d’une crise » et il « accomplira sa mission » mais « sous certaines conditions ». Ayant promis une rupture, il estime « l’Assemblée est le fruit des choix des Français » et qu’il faut « en tirer les conséquences ». L’homme politique affirme donc qu’il va « partager le pouvoir avec les députés » et pour cela, il confirme renoncer au recours au 49.3.
« En renonçant au 49.3, il n’y a pas de raison pour une censure préalable », a-t-il déclaré.
« Vous voterez, vous déciderez, là encore ce sera encore une rupture », a martelé le Premier ministre devant les Parlementaires, répétant à de multiples reprises : « Le gouvernement proposera, nous débâterons, vous voterez. »
Les budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale ont tous été adoptés grâce au 49.3 depuis l’automne 2022, ce qui permet de faire adopter un texte sans vote des députés, à condition de résister à une motion de censure.
Des « anomalies » dans la fiscalité des grandes fortunes
Sebastien Lecornu reconnaît également des « anomalies » dans la fiscalité des très grandes fortunes. Il souhaite « une contribution exceptionnelle » des Français les plus riches dans le prochain budget.
« Nous demanderons à créer une contribution exceptionnelle des grandes fortunes que nous proposons d’affecter au financement des investissements du futur qui touchent à notre souveraineté, pour les infrastructures, la transition écologique ou la défense », a-t-il détaillé.
Plus généralement sur la dette, Sébastien Lecornu affirme que le gouvernement s’est fixé l’objectif de réduire le déficit du pays à « moins de 5% du PIB », et qu’il ne veut pas être le « Premier ministre d’un déficit des comptes publics ». Le chef du gouvernement explique que « sur les dépenses de l’État, on peut faire beaucoup ». Il insiste sur une lutte plus rigoureuse contre les fraudes, contre lesquelles un projet de loi a été déposé dans la matinée.
Il souhaite aussi « mieux répartir les efforts auprès des contribuables », notamment en baissant la taxation des PME au détriment des plus grandes entreprises.
La réforme des retraites suspendue
Sébastien Lecornu est revenu sur un autre point de tension, la réforme des retraites, en annonçant sa suspension, mesure souhaitée par le Parti socialiste. La suspension sera mise en place jusqu’à l’élection présidentielle » de 2027, et portera sur la mesure d’âge et la durée de cotisation.
« Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028. »
Sébastien Lecornu va également organiser une « conférence sur les retraites et le travail ». « Je propose, dans les prochains jours, d’organiser une conférence sur les retraites et le travail, en accord avec les partenaires sociaux », précise le Premier ministre pour qui « suspendre la réforme des retraites n’a de sens que si c’est pour aller plus loin ».
Le Premier ministre a terminé son discours en mettant en garde sur une « panne budgétaire » et une crise « réjouiraient » les ennemis de la France.