Chaine YouTube, podcast, François Bayrou a essayé de regarder les Français “dans les yeux” pour les convaincre de la gravité de la situation. Ne possédant pas les codes et conservant son ton professoral et ennuyeux, il a fait flop, sa dernière vidéo, le 14 août, n’a été vue que 7 100 fois. Un Premier ministre loin des 381 000 abonnés du président et surtout des plus d’un million de Jean-Luc Mélenchon.
Menant le combat contre la dette depuis plus de vingt ans, il a voulu, hier, mettre tout le monde, les citoyens et leurs élus, face à leurs responsabilités. Et le 8 septembre, il demandera aux députés de reconnaître officiellement la gravité extrême du moment en lui accordant la confiance. Ensuite, viendrait le temps de la discussion, des négociations sur les solutions. Pour le locataire de Matignon, écarter le danger, donc voter contre lui, serait « une trahison » et « cela se paierait très cher ».
Les réactions ne sont sans doute pas celles qu’il attendait. Seppuku, hara-kiri, suicide politique, baroud d’honneur, auto-dissolution, coup de poker, quitte ou double, manœuvre dilatoire sont les mots qui reviennent le plus souvent dans la bouche des opposants. Et les politologues qui font leurs calculs estiment qu’il faudrait un miracle pour que le gouvernement ne tombe pas le 8 septembre. Une nouvelle fois, son sort va dépendre des socialistes. Ils ne voteront pas la confiance mais pourraient s’abstenir et sauver Bayrou.
Les Français ne réagissent pas mieux que leur élus. Oui, disent-ils, le moment est grave mais ce n’est pas à eux de payer, de faire des sacrifices alors qu’ils sont à bout. C’est, selon leurs opinions politiques, aux riches de casquer ou alors il faut supprimer les aides aux immigrés et verser beaucoup moins ou rien au budget de l’Union européenne. Des solutions idéologiques qui ne serviraient guère la France.
Le Premier ministre a deux semaines pour convaincre. Les oppositions, elles, préparent l’après-Bayrou et souhaitent des élections anticipées et même la destitution du président que les insoumis vont demander. Emmanuel Macron a déjà fait savoir qu’il n’envisageait pas de nouvelle dissolution et qu’il serait à l’Elysée jusqu’au dernier jour de son mandat. Des commentateurs pensent qu’en partant avec un certain panache, Bayrou caresserait l’idée de participer pour la quatrième fois à la course à l’Elysée
De quoi sera fait le demain français ? Blocage, immobilisme, crise politique, crise financière et économique ? Un gouvernement insoumis ou RN serait vite censuré…
En attendant, comme le dit François Bayrou, la dette française augmente de 12 millions d’euros chaque heure. Et ce depuis vingt ans.