La semaine dernière, un général devenu consultant militaire pour une chaîne de télévision française affirmait que les armées vivaient comme des « clodos » depuis des années. Ces temps doivent prendre fin avec les annonces du président de la République et du chef d’Etat -major. La France, ont-ils dit, vit « un moment de bascule » et, ajoute Emmanuel Macron « notre Europe se trouve placée à la lisière d’un vaste arc de crise qui part du golfe de Guinée, traverse le Sahel jusqu’au Proche-Orient et en Iran ». Le général Thierry Burkhard a rappelé que « la Russie a désigné la France comme son premier adversaire en Europe », et mène une guerre hybride contre l’Occident, faite de désinformation et de cyber attaques, d’actions dans l’espace et sous les mers… À l’horizon 2030, « elle constituera une vraie menace à nos frontières », estime-t-il car, selon lui, Vladimir Poutine veut « affaiblir l’Europe et démanteler l’Otan ».
Si l’on prend aussi en compte l’éloignement de l’Amérique de l’Europe, le président français qui défend depuis son élection l’idée d’une défense européenne, insiste : « Soyons clairs, nous, Européens, devons désormais assurer notre sécurité nous-mêmes ».
Et il ordonne d’augmenter le budget de l’armée plus vite que prévu pour atteindre son doublement – de 32 à 64 milliards d’euros en 2027 au lieu de 2030. « Cet effort nouveau et historique est proportionné, il est crédible, il est indispensable, il est juste ce qu’il nous faut, mais vraiment ce qu’il nous faut », justifie le chef de l’Etat qui refuse que ce « réarmement passe par l’endettement ».
Une tâche très difficile pour le Premier ministre François Bayrou qui doit donner ce mardi les grandes lignes du budget 2026 et dire où et comment il va trouver les 40 milliards annoncés auxquels il doit maintenant ajouter ceux de la Défense. Et, pour porter l’effort de défense à 3 % du PIB en 2030, il faudrait une augmentation de 10 milliards d’euros par an à partir de 2026. Est-ce réaliste, surtout sans augmentation des impôts ? Oui, juge Macron qui appelle les Français à « consentir à cet effort », « un effort ponctuel de tous pour préserver notre sécurité et notre indépendance ».
Les Français sont-ils prêts à suivre leur président ? Un sondage YouGov réalisé pour Le HuffPost et publié le 9 mars, indique que 79 % des Français se disent inquiets face aux tensions internationales menaçant la sécurité européenne et que 55 % des sondés sont favorables à une armée européenne. Également en mars, un autre sondage révèle que six Français sur dix refusent que leur épargne serve au financement de la défense, et ce, même si l’opinion est favorable à un investissement accru dans ce secteur.
Pour l’instant, les Français n’ont pas l’air de penser qu’une défaite ukrainienne serait vraiment une défaite pour l’Europe. Majoritairement, ils ne se sentent pas menacés. Les chars russes sont toujours loin des Champs Elysées.