Gabès, la plus vieille ville du Maghreb, concentre aujourd’hui des questions que l’on pourrait faire remonter à la révolution industrielle du XIXe siècle…
Des questions qui dépassent les frontières de cette ville du littoral tunisien et qui se trouvent objets de débat dans à peu près toutes les nations libres du monde.
Suite aux cas répétés ces derniers jours, d’asphyxie d’élèves due à des fuites de gaz des usines du Groupe chimique tunisien (GCT), implantées près du port de Gabès depuis 1972, des mouvements de protestations se sont répétées. Les manifestants exigent la fermeture de l’usine… mettant en danger au moins 27 000 emplois directs relevant du phosphate.
Une situation qui met en exergue des oppositions que l’on retrouve aujourd’hui dans bien d’autres régions du monde. Emplois ou santé? Profits ou écologie? Classe ouvrière ou jeunesse « consciente »? Industriels ou militants? La seule réponse connue pour l’heure, est que quel que soit le choix que nous ferons, il faudra en payer le prix.
Si cette situation de crise écologique et sociale s’est aggravée ces derniers mois, l’enjeu était connu depuis les années Ben Ali. Et à l’époque, l’ex président avait fait un choix unilatéral: l’économie avant tout. Surtout que dans ces temps là, l’affaire – sans mauvais jeu de mots- était facilement étouffable. Pas d’images d’élèves et collégiens en détresse respiratoire qui défilent sur notre « fil d’actualité ». Et la militante écologique et égérie de la génération millénium, Greta Thunberg, n’était pas encore née. C’était un autre monde.
Une époque où les hommes réclamaient avant tout du travail pour nourrir des familles encore nombreuses, une époque où la femme débutait encore dans le monde professionnel, une époque où le tabac ne donnait pas encore le cancer. Cette époque est-elle totalement révolue? A regarder au-delà de la méditerranée, même au delà l’Atlantique, où les vols se font avec escale, Donald Trump, 47e et 49e président des Etats-Unis répond que non. Le leader américain règne sans foi et surtout sans normes environnementales, détricotant toutes les lois écologiques et se retirant de tous les traités environnementaux.
La réponse peut-elle être plus locale?
La direction à prendre sur la question environnementale étant craquelée au niveau international, la Tunisie va devoir trouver son cap en solo, en se calquant sur la réalité sociologique de sa population . Et probablement d’assumer de déplaire à certains.
Soit favoriser l’économie nationale en maintenant l’usine ouverte, préservant ainsi des milliers d’emplois, majoritairement masculins et en prenant le risque d’intensifier les menaces sanitaires et les mouvements de protestation.
Ou donner satisfaction à une partie de la société, notamment les jeunes instruits et les femmes, qui ont d’autres ambitions qu’un emploi dans une usine de phosphate.
Cette deuxième option, qui semble plus viable dans le temps, aussi bien sur les plans sanitaire, social et environnemental, doit être préparée hic et nunc (ici et maintenant): quoi pour remplacer le GCT?
La bonne nouvelle est que pour dépolluer, il faudra aussi bien de l’expertise que des bras…De quoi satisfaire tout le monde?