600 jours. Il y a 600 jours, le mouvement islamiste Hamas lançait son attaque terroriste qui déclenchait une riposte défensive légitime d’Israël. Une riposte qui a vite tourné à la vengeance, à la catastrophe pour les Gazaouis qui ont perdu plus de 54 000 des leurs et dont le terrible quotidien est fait de bombardements, de tirs, d’évacuations, de faim, de souffrances. Comme les précédents, ce jour rime avec enfer.
Dans l’Etat hébreu, les sentiments, mitigés, vont de la détermination à la colère contre le gouvernement. Ce matin, à 6h29, heure exacte du début du massacre du 7 octobre, les familles d’otages regroupées au sein du « Conseil d’octobre » se sont rendues au domicile du président de la Knesset portant un projet de loi visant à dissoudre le Parlement. Elles souhaitent « des élections immédiates et un nouveau gouvernement engagé en faveur de la transparence, de la responsabilité et de la recherche de la vérité ». Dans le quotidien de gauche Haaretz, l’ancien Premier ministre Ehud Olmert affirme que « les récentes opérations dans la bande de Gaza n’ont rien à voir avec des objectifs de guerre légitimes », et qu’ « il s’agit désormais d’une guerre politique privée » », celle de « la bande criminelle dirigée par Benjamin Netanyahu », qu’il accuse de « crimes de guerre ».
A l’inverse, le conservateur Jerusalem Post écrit qu’ une vraie victoire passe par un retrait complet de Gaza du Hamas, pour que les derniers otages soient libérés à leur tour et pour que la nation puisse « cicatriser ».
Insensible, le Premier ministre hébreu n’écoute pas les voix des pays qui ont toujours soutenu Israël et osent aujourd’hui le mot « génocide ». Même le très fidèle chancelier allemand, Friedrich Merz commence à douter, affirmant «ne plus comprendre l’objectif de l’armée» et menaçant de ne plus pouvoir continuer à soutenir le gouvernement Netanyahou.
Une autre accusation, pas totalement nouvelle car déjà citée dans la plainte sud-africaine pour « génocide » devant la CPI, se fait jour, celle d’ « élucide » ou de « scolasticide » : alors que l’enclave connaissait un taux de scolarisation très élevé, le système éducatif est détruit. Au lieu d’aller à l’école, les enfants cherchent de quoi manger…
Israël prétend fournir de l’aide humanitaire avec une nouvelle société créée de toutes pièces avec le soutien des États-Unis, mais le patron de l’UNWRA affirme que la distribution de mardi « était chaotique, indigne et dangereuse ». Netanyahou a reconnu « une perte de contrôle momentanée ». Au moins 47 personnes ont été blessées ce qui n’a pas empêché l’armée, qui n’a procédé, dit-elle, qu’ à des tirs de « sommation » de parler de « succès ».
Le Hamas qui, selon la CIA, s’est renforcé durant le cessez-le feu – entre le 19 janvier et le 17 mars- est divisé entre les « politiques » et les « militaires » prêts à sacrifier la population. Le président de l’Autorité palestinienne, le discrédité Mahmoud Abbas, se dit prêt à organiser des élections présidentielle et législatives dans les Territoires palestiniens, à condition que les conditions soient réunies. Ce qui paraît plus qu’improbable.
600 jours et quel avenir ?