Mardi dernier, les 27 de l’Union européenne reconnaissaient que l’Etat hébreu enfreint l’article 2 de son accord d’association, portant sur le respect des droits humains. Mais, faute de consensus sur des mesures de rétorsion, ils se contentaient d’un engagement d’Israël à réautoriser les livraisons d’aide humanitaire. La moitié des Etats membres ne voulaient toujours pas entendre parler de sanctions à commencer par l’Allemagne, la République tchèque et l’Italie.
Cette situation de tolérance extrême pourrait changer car Netanyahou, toujours aussi sourd aux appels venant du monde a lancé une vaste offensive contre le camp de Deir Al Balah et les Gazaouis, sans cesse déplacés, n’ont aucun endroit pour se réfugier. Ils ne savent où aller, ni où trouver un peu de nourriture. Et s’il y en a, elle est trop chère, par exemple 40 dollars pour deux kilos de farine ! Vingt et un enfants sont morts de malnutrition dans différentes régions de l’enclave au cours des dernières soixante-douze heures.
Lundi, les ministres des Affaires étrangères de 25 pays dont la France, le Royaume-Uni, le Canada ou le Japon, se sont réveillés dans une déclaration commune qui affirme que « le refus du gouvernement israélien de fournir une assistance humanitaire essentielle à la population civile est inacceptable. (…) La guerre à Gaza doit cesser immédiatement ». Niant tout, comme à son habitude, le ministère des Affaires étrangères israélien a dénoncé cette déclaration qu’il juge « déconnectée de la réalité ». Pour Tel Aviv, « le seul responsable de la poursuite de la guerre et des souffrances des deux parties est le Hamas ».
A Paris, la société des journalistes de l’Agence France Presse s’alarme du sort de la dizaine de pigistes qui travaillent pour elle : « Avec quelques autres, ils sont aujourd’hui les seuls à rapporter ce qu’il se passe dans la bande de Gaza. Nous voyons leur situation empirer. Ils sont jeunes et leurs forces les quittent. Depuis quelques jours, nous avons compris de leurs brefs messages que leur vie ne tenait plus à grand-chose et que leur courage, consacré depuis de longs mois à informer le monde entier, ne les aidera pas à survivre ».
Ce matin, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot a haussé le ton : « La situation humanitaire à Gaza est indigne, c’est un scandale qui doit cesser immédiatement ». Et il a demandé « que la presse libre et indépendante puisse entrer à Gaza ».
« Il semblait que le cauchemar ne pouvait pas empirer. Et pourtant, c’est le cas » déplore le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk qui alerte sur le risque « extrêmement élevé » d’ « exécutions illégales et d’autres violations graves du droit humanitaire international”. La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, a, pour sa part, « clairement indiqué » au ministre israélien Gideon Saar, « que l’armée israélienne devait cesser de tuer des personnes aux points de distribution » d’aide humanitaire.
Cela n’empêche pas Tsahal de frapper. Les bombes et les tirs ont encore tué aujourd’hui. MSF constate que Gaza est devenu un « charnier » où « l’espoir a disparu ».