Inspiré par Dubaï et la futuriste Neom, le projet américano-israélien de la future Gaza, le Great Trust, ne mériterait pas qu’on le commente, mais il faut bien souligner avec force son incongruité, son indécence absolue. Il n’a pu naître que dans des esprits dérangés sans aucune morale ni respect de l’humain.
Concocté par des entrepreneurs israéliens à l’origine de la lamentable Fondation humanitaire de Gaza, soutenu par Jared Kushner, approuvé par la Maison Blanche et présenté dans une luxueuse brochure, ce plan de transformation de Gaza doit être pris au sérieux même s’il relève d’un mauvais scénario de science-fiction
C’est un fantasme de promoteur immobilier, bien dans le style de Trump , qui ne pense que terrains, expropriations, constructions, bénéfices, plus-values et considère femmes, hommes et enfants comme des marchandises, des biens que l’on peut acheter ou transférer. Que représente un Gazaoui quand on envisage de multiplier par quatre en dix ans les 100 milliards d’investissements requis pour lancer le projet.
Une utopie, ou plutôt une dystopie qui oublie le principal : le conflit n’est pas terminé et les Gazaouis sont attachés à leur terre. D’ailleurs, quels pays sont prêts à les accueillir ? Et il faudrait que l’Arabie Saoudite rejoigne les accords d’Abraham, ce qui apparaît improbable aujourd’hui. En effet, si les dirigeants, comme ceux des Emirats, ne se soucient guère de l’avenir de Gaza, les populations, elles, sont derrière les Palestiniens.
Avec ce grandiose projet délirant, on ne parle plus d’Etat palestinien. On le remplace par un ensemble israélo-international fait de méga-projets, de data centers, de complexes touristiques, d’usines Musk de voitures électriques, d’aéroport… Bref, de profits.
Pas un mot sur la manière dont le Hamas serait désarmé et écarté, sur la future autorité « palestinienne réformée et déradicalisée » qui gouvernerait Gaza après une période de dix ans. Y aurait-il encore des Gazaouis dans l’enclave ?
Pour le président français Emmanuel Macron, ce plan, « contraire au droit international, ne mènerait qu’à une impasse totale ». Il pourrait également donner un nouveau souffle au Hamas et stimuler la résistance palestinienne.