Les forces navales israéliennes ont attaqué la flottille Global Sumud, une mission humanitaire pacifique composée de près de 50 bateaux civils et de plus de 500 participants, dont des militants, des parlementaires et des journalistes de divers pays.
Les bateaux de la flottille, chargés principalement d’aide humanitaire et de fournitures médicales, ont pris la mer, fin août.
C’était la première fois depuis des années qu’un si grand nombre de navires naviguaient ensemble vers Gaza, transportant 532 civils soutenant la cause palestinienne, venus de plus de 45 pays.
Déroulement de l’opération illégale israélienne
« Lors d’une opération qui a duré environ 12 heures, le personnel de la marine israélienne a déjoué une tentative d’incursion à grande échelle menée par des centaines de personnes à bord de 41 navires ayant déclaré leur intention de violer le blocus maritime légal sur la bande de Gaza », a expliqué jeudi un responsable israélien.
« À la fin de l’opération, plus de 400 participants ont été transférés en toute sécurité au port d’Ashdod pour être pris en charge par la police israélienne », a-t-il ajouté.
Les militants détenus sont transportés vers le port israélien d’Ashdod, d’où ils seront expulsés vers l’Europe, selon le ministère israélien des Affaires étrangères.
Quelle est la situation actuelle ?
Jeudi matin, 40 des quelque 45 navires avaient été interceptés ou semblaient en passe de l’être, selon le système de surveillance de la flottille. Les organisateurs ont déclaré avoir perdu le contact avec plusieurs bateaux.
Mais la flottille a dit poursuivre sa route vers le territoire côtier palestinien. Son porte-parole Saif Abukeshek a fait état de 13 bateaux transportant 200 personnes au total.
De son côté, Israël affirme qu’aucun navire de la flottille n’a réussi à briser le blocus de Gaza. « Aucun des yachts de provocation Hamas-Sumud n’a réussi dans sa tentative d’entrer dans une zone de combat active ou de briser le blocus naval légal », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, ajoutant qu’un « dernier navire (…) reste à distance ».
Combien de Tunisiens détenus?
L’avocat Sami Benghazi, membre du comité juridique d’appui à la flotille Soumoud a annoncé, dans une déclaration accordée à l’agence TAP que les navires interceptés jeudi par les forces d’occupation comptait à leur bord 25 Tunisiens.
Les passagers tunisiens sont répartis sur les navires comme suit :
-Dir Yassine : Wael Naouar, Yassine Gaidi, Ghassen Henchiri, Mazen Abdellaoui, Nabil Channoufi Abdallah Messaoudi, Aziz Meliani, Noureddine Salouag et Sirine Ghrairi.
-Florida : Anis Abbassi, Mohamed Ali, Lotfi Hajji, Achref Khouja, Mohamed Mrad
-Allakatalla: Hamza Bouzouida, Louay Cherni, Mouheb Snoussi, Zied Jaballah.
-Miami : Fidaa Othmani, Ghassen Kelai et Mohamed Amine Hamzaoui
-Sirius : Jihed Ferjani
-Huga : Khalil Lahbibi
-Adadgio : Houssem Essine Ramadi
-Amsterdam : Mohamed Ali Mohieddine
S’agissant du navire dédié exclusivement à la documentation et à l’observation « Summer Time Jong », trois Tunisiens s’y trouvaient également. Le Navire a atteint le point des 100 miles nautiques dans la zone rouge avant de mettre le cap sur Chypre pour poursuivre sa mission depuis, a ajouté Me Benghazi.
Vives réactions internationales
L’interception a provoqué une large condamnation. Les partisans de la flottille sont descendus dans les rues de plusieurs villes européennes — Rome, Naples, Barcelone et Athènes — pour dénoncer les actions israéliennes et l’offensive en cours.
Le plus grand syndicat italien a appelé à une grève générale d’une journée, le vendredi, qui devrait bloquer tous les principaux secteurs, y compris les transports et les écoles.
Le ministère turc des Affaires étrangères a fermement condamné l’attaque de la marine israélienne, la qualifiant “d’acte de terrorisme” et de grave violation du droit international dans un communiqué publié mercredi soir.
Le président colombien Gustavo Petro a ordonné l’expulsion de l’ensemble de la délégation diplomatique israélienne après la détention de deux Colombiens dans la flottille et a rompu l’accord de libre-échange de la Colombie avec Israël.
Dans un communiqué, le Hamas a exprimé son soutien aux militants et a qualifié l’interception de la flottille par Israël de “crime”, appelant à des manifestations publiques pour condamner Israël.
Promesses de protection des citoyens
L’Europe a exhorté Israël à respecter le droit international et à protéger les militants, les dirigeants avertissant des conséquences humanitaires plus larges.
Les dirigeants asiatiques, dont le Pakistan, la Malaisie et les Maldives, ont fermement dénoncé l’attaque et promis de protéger leurs citoyens.
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a qualifié l’attaque de barbare, tandis que le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a averti que son pays prendrait toutes les mesures légales pour tenir Tel Aviv responsable.
Que dit le droit maritime international ?
Le droit maritime international limite généralement la juridiction des États à 12 milles nautiques au large, mais Israël invoque une justification militaire en vertu des lois sur les conflits armés.
Les experts en droits humains soutiennent que les missions humanitaires bénéficient du droit de passage protégé.
Yuval Shany, spécialiste du droit international à l’Université hébraïque de Jérusalem-Ouest, a déclaré que tant que le blocus israélien de Gaza est “militairement justifié” — destiné à empêcher l’entrée d’armes — et que le navire tente de briser le siège, Israël se permet d’intercepter le navire après un avertissement préalable.
Or, la justification militaire du blocus et sa légalité sont toutefois contestées.
Cette flottille représente la plus grande mission civile de ce type visant à défier le blocus de Gaza, imposé depuis 18 ans par Israël.
Cet incident rappelle le raid de 2010 contre le Mavi Marmara, où les forces israéliennes avaient tué neuf militants turcs et en avaient blessé plusieurs autres à bord d’un navire humanitaire en route pour Gaza, provoquant une grave crise diplomatique entre la Turquie et Israël.
Les observateurs mettent en garde contre le risque de relancer les tensions et soulignent une fois de plus le blocus en cours de Gaza, que les organisations de défense des droits humains et les instances de l’ONU qualifient de punition collective illégale au regard du droit international.