Qu’on l’aime ou qu’on le déteste en raison de ses excès et rodomontades, Donald Trump a le grand mérite d’avoir arrêté la guerre à Gaza et permis la libération des otages. Cependant l’avenir de l’enclave reste indécis et l’attitude du président américain pose encore problème.
En effet, alors qu’il menaçait le Hamas d’un « enfer jamais vu » et qu’à la Knesset, il a traité ses combattants de « terroristes haineux, mauvais » qui ont mené une « attaque horrible, atroce », il a déclaré dans l’avion qui le ramenait hier aux Etats-Unis que « le Hamas voulait vraiment mettre fin aux problèmes et que nous leur avons donné notre accord pour un certain temps ». Les terroristes islamistes sont donc chargés du maintien de l’ordre dans l’enclave. Et, selon tous les témoignages, cela rime avec règlements de comptes et exécutions des « traîtres ».
Les militants armés réoccupent les rues de Gaza et des autres villes. Ils s’en prennent aussi aux « gangs », aux familles rivales, notamment le clan Doghmoush accusé d’être « affilié à l’occupation ». Des dizaines de ses membres ont été arrêtés et plusieurs exécutés. La BBC indique que le Hamas a mobilisé « environ 7 000 membres de ses forces de sécurité pour reprendre le contrôle des zones de Gaza récemment évacuées par les troupes israéliennes » et nommer des « gouverneurs ». Plusieurs autres groupes sont aussi visés dont celui des Forces populaires de Yasser Abou Shabeb, implanté dans la région de Rafah ou celui de Houssam Al-Astal, établi dans la région de Khan Younès.
Comment, demain, désarmer le Hamas qui garde le contrôle de l’enclave, se réarme et refuse tout désarmement ? L’Autorité palestinienne, son « ennemie », qui serait appelée à jouer un rôle dans la future gouvernance, a confié à une télévision d’Arabie saoudite qu’elle craignait une « vague de violence dans les semaines et les mois à venir », voire une guerre civile.
L’inquiétude demeure donc, aggravée par le fait que les centaines de milliers de Gazaouis, qui avaient dû fuir et reviennent, s’aperçoivent qu’ils n’ont plus rien, qu’ils ne retrouvent que des ruines là où se dressaient jadis leurs maisons. « Je n’aurais jamais imaginé ça. Je pensais revenir et retrouver mon chez-moi, vivre enfin. Il n’y a plus rien. Je ne sais pas ce que je vais faire, ni où aller » , se désespère un habitant. Beaucoup repartent, loin de l’espoir d’un nouveau départ…