Il ne veut pas comparer, mais pourtant il le fait sans vergogne et se hisse à la hauteur des plus grands, il est un président qui gagne toujours. «Je ne veux pas utiliser l’exemple d’Hiroshima et Nagasaki mais c’est un peu la même chose que nous avons fait là, notre frappe a mis fin à la guerre, si ça n’avait pas été le cas on aurait continué les frappes», affirme-t-il. Et il ajoute que le cessez-le-feu qu’il a imposé « se passe très bien ».
Ces douze jours de guerre n’ont fait que des vainqueurs : les Etats-Unis, Israël et l’Iran revendiquent des succès historiques, les deux premiers se félicitent d’avoir mis à mal le programme nucléaire militaire – non formellement prouvé- du troisième qui répond que les dégâts ne sont pas trop importants.
Quel est le bilan réel ? Il faudra du temps pour obtenir des certitudes, mais il semble bien que Donald Trump exagère les destructions provoquées par ses bombes anti-bunkers. Le programme des mollahs n’est pas mort, comme il le prétend. Les services de renseignement américains, et les israéliens, indiquent que les frappes n’auraient pas éliminé la totalité des centrifugeuses ou des stocks d’uranium enrichi iraniens. L’attaque aurait plutôt « scellé les entrées de deux installations, mais n’a pas détruit leurs bâtiments souterrains » précise le New York Times, qui ajoute que « peu de matière a été détruite ». Selon une source de la chaîne de télévision CNN, les centrifugeuses sont quant à elles « largement intactes ». Faux, rétorque la Maison Blanche qui accuse la presse « pourrie », c’est-à-dire celle qui n’est pas d’accord avec Trump. D’ailleurs, la vérité n’est que secondaire pour le milliardaire: aujourd’hui, seule compte sa victoire qu’il met en scène. Après-demain, le bilan réel sera un autre jour, un autre narratif. Et, on ne parle pas de « la montagne de la pioche » qui abriterait des installations secrètes que les GBU-57 ne pourraient toucher…
La victoire revendiquée par Washington et Tel Aviv n’est donc pas totale d’autant que le changement de régime n’est pas au rendez-vous. Certes, le régime est affaibli mais il résiste et pourrait se montrer encore plus répressif. Si la majorité des Iraniennes et Iraniens souhaitent sa chute, il conserve le soutien de 20 à 30% de la population et la force brutale des gardiens de la révolution et des bassidjis.
Aujourd’hui, c’est le temps du retour à la diplomatie. Avec les Européens ? La « guerre des 12 jours » n’a rien réglé.