Au lieu de s’interroger, de s’alarmer ou de critiquer, le monde devrait remercier Israël de la protéger en frappant les installations nucléaires iraniennes. Doté, le pays des mollahs aurait pu viser ses voisins et cibler l’Europe. C’est le narratif que Tel Aviv cherche à imposer et renforce par de nouvelles menaces ; si l’Iran continue de lancer des missiles, « Téhéran brûlera ».
Bien sûr, de nombreux pays ne souhaitent pas que les ayatollahs disposent de l’arme atomique, qui garantirait la survie de leur régime, mais on peut se demander quelle est la réalité du danger invoqué par Netanyahou pour attaquer. Lui aussi joue sa survie. Si peu de politologues et d’experts du nucléaire doutent de l’existence d’un programme militaire et des capacités iraniennes de le mener à bien, il faut s’interroger sur le moment et le but de Netanyahou. Le dirigeant de l’Etat hébreu, opposé depuis toujours au nucléaire iranien, ne supportait pas la voie des négociations suivie par Donald Trump qui aurait pu aboutir. Profitant de l’amitié indéfectible des Etats-Unis, il a choisi de frapper avant tout accord. Une menace existentielle.
Oui, l’Iran de Khomeini puis de Khamenei répètent qu’ils veulent détruire l’Etat hébreu, mais, une fois doté, aurait-il employé l’arme atomique ? On peut en douter car cela signifiait leur arrêt de mort, la destruction de leur pays. Israël qui possède quelque 300 têtes nucléaires et ses alliés du monde occidental auraient réagi…
Les ayatollahs cherchent avant tout à durer, à s’installer comme une puissance régionale, sans doute pas à se suicider. Netanyahou, lui, se lance, comme à son habitude, comme à Gaza, dans l’action sans avoir de perspectives politiques. Il frappe, il frappe sans aucune vision du lendemain. Sans souci de ce qu’il peut déclencher…
Malgré ses belles déclarations, il ne semble pas qu’il puisse anéantir le programme nucléaire iranien. Le site de Fordow, qualifié de « moyen de dissuasion » contre les attaques, enterré à un kilomètre sous terre, serait invulnérable aux frappes aériennes. Là, on a relevé des particules enrichies à 83,7% – 90% est le niveau de l’enrichissement requis pour un usage militaire. Natanz peut être détruit, si Fordow reste, tout le programme continue…
Si Israël gagne du temps, si la cote de popularité de Netanyahou remonte, la seule solution pérenne reste diplomatique, négociée. Et l’avenir de l’Iran appartient aux Iraniennes et aux Iraniens.
Netanyahou s’est engagé dans une impasse…