Au moins 73 personnes ont été tuées en Syrie en deux jours de violences à caractère confessionnel, a indiqué jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Ces heurts près et au sud de Damas illustrent l’instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite, et la prise du pouvoir par une coalition rebelle menée par des islamistes sunnites.
Cheikh Hikmat al-Hajri a dénoncé une « campagne génocidaire injustifiée » visant des « civils à leur domicile ». Cet influent chef spirituel druze a réclamé « une intervention immédiate de forces internationales ». « Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement (…). Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, prétend que ce sont des éléments incontrôlés », a-t-il affirmé.
Les combats à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des druzes, ainsi qu’à Soueïda à majorité druze ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait début mars plus de 1700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite. Les violences avaient été déclenchées par des attaques des pro-Assad contre les forces de sécurité.
Avertissement israélien
Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.
Les druzes sont une communauté ésotérique issue de l’islam chiite et ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l’islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.
Les combats ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l’égard du prophète Mahomet. L’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité du message.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), 30 membres des forces de sécurité et combattants affiliés ont été tués, ainsi que 15 combattants druzes et un civil mardi et mercredi à Jaramana et Sahnaya. Dans la province de Soueïda (sud), 27 combattants druzes ont péri mercredi, d’après l’ONG.
Rétablissement du calme à Jaramana et à Sahnaya
Des accords entre représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir à Jaramana, une banlieue de Damas, et mercredi soir à Sahnaya, à 15 km au sud-ouest de Damas, où des forces de sécurité ont été déployées.
Les autorités syriennes avaient averti qu’elles « frapperaient d’une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie », accusant des « groupes hors-la-loi » d’avoir provoqué les violences.
Le pouvoir syrien a dans ce contexte réaffirmé son « engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze ». Il a aussi exprimé « son rejet catégorique de toute ingérence étrangère » après l’intervention militaire israélienne.