Dès l’ouverture , dimanche soir, du sommet de l’OCS, Organisation de coopération de Shanghai, le Chinois Xi Jinping a dressé son constat : « La transformation qui va définir le siècle s’accélère en ce moment dans le monde, avec une nette augmentation des facteurs d’instabilité, d’incertitude et d’imprévisibilité ». Et, se présentant comme une source de stabilité, il a affirmé ses ambitions : se placer à la tête du « sud global » et, avec les membres de l’OCS et ceux des Brics, être moteur d’un nouveau monde qui refuse l’hégémonie américaine que Donald Trump prétend imposer à tous.
Ce matin, le président chinois a été encore plus clair dans sa charge contre l’Occident en dénonçant la « mentalité de guerre froide et les actes d’intimidation ». Et il déclaré à ses hôtes que « nous devons défendre l’équité et la justice, préserver le système international centré sur l’ONU, soutenir le système commercial multilatéral avec l’OMC en son cœur ». Afin, a-t-il précisé, de construire « un monde multipolaire égalitaire et ordonné ». Soit le contraire de la vision de son homologue américain.
Il ne l’a évidemment pas dit, mais Xi doit en partie son succès, notamment la présence de l’Indien Narendra Modi, à Donald Trump qui, avec ses droits de douane -condamnés pour l’instant par la justice américaine- a braqué le monde et surtout l’Inde punie de 50% car elle achète du pétrole à la Russie. En froid avec Pékin à cause de graves différends frontaliers et du soutien chinois au Pakistan, le dirigeant de New Delhi ne s’était pas rendu en Chine depuis sept ans. Si sa visite ne signifie pas qu’une alliance se crée, elle marque un rapprochement qui doit être profitable aux deux partenaires. Comme l’a souligné Xi, « le dragon et l’éléphant doivent mener ensemble un pas de deux ».
Appréciant la tribune qui lui était offerte, Vladimir Poutine a, lui aussi, vivement attaqué l’Occident en assurant que « la crise en Ukraine n’est pas apparue à la suite d’une attaque russe mais d’un coup d’Etat qui a été soutenu et provoqué par l’Occident à Kiev ». Soucieux de diviser cet Occident, le Russe a rencontré et félicité Erdogan pour son rôle de médiateur.
Le président turc, qui joue sur tous les tableaux, s’éclipsera de Tianjin, tout comme Modi, avant le grandiose défilé militaire qui se déroulera mercredi. Destiné à une récriture « correcte de la deuxième guerre mondiale en opposition à l’occidentale », ce défilé doit montrer « pleinement la puissante capacité de notre armée à remporter une guerre moderne » et à « sauvegarder la paix mondiale » a indiqué le général de division Wu Zeke.
On peut douter de la force militaire de Pékin, de la bienveillance chinoise, notamment en Afrique, et remarquer que ses actions ne sont pas vraiment en conformité avec ses déclarations, mais il n’en reste pas moins qu’elle ne cesse de grandir. De nombreux économistes sont formels : la Chine deviendra, d’ici à 2030, la première économie mondiale en termes de PIB. Et elle est déjà leader dans beaucoup de domaines, des énergies renouvelables à la recherche scientifique.
Un accroc possible dans cette montée en puissance : Taïwan et sa « conquête »…