Un chiffre terrible destiné à faire réfléchir, à montrer l’urgence : chaque seconde, la dette de la France augmente de 5000 euros, a affirmé aux Français leur Premier ministre François Bayrou. Et il minimisait, le chiffre exact étant de 5 850 ! Ensuite, très pédagogue, il a égrené les mesures qu’il aimerait prendre pour, non pas réduire la dette mais la stabiliser en quatre ans. Un «moment de vérité » selon lui, un « moment de contre-vérités » d’après les opposants.
« Inégalitaire », « injuste », « inacceptable », « antidémocratique » sont les qualificatifs qui reviennent le plus souvent dans les réactions de la gauche et de l’extrême droite. La droite, le « socle commun » demandent des améliorations et Edouard Philippe, candidat déclaré à la prochaine présidentielle estime même que « quasiment rien dans ce que propose François Bayrou ne règle le problème » de la dette. Le ministre Darmanin pense même qu’en l’état actuel, le budget « a peu de chances d’être voté ». Il n’y aurait guère que le président, qui a remercié François Bayrou, a salué ses propositions : son plan, a-t-il dit lors du conseil des ministres a «la vertu du courage, de l’audace et de la lucidité».
Un courage qui a manqué à tous ses prédécesseurs qui faisaient preuve de lucidité, constataient et s’arrêtaient là. Le dernier budget en équilibre, et même excédentaire, date de 1974 et les alertes ne se comptent pas : « Le temps de la facilité est terminé » (Raymond Barre en 1976). « Il y a péril national ». (Alain Juppé en 1995). « Je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite ». (François Fillon en 2008). La dette était alors de 68% du PIB, elle atteint aujourd’hui 114%, soit 3 345,4 milliards d’euros.
Si les Français sont conscients du problème, ils ne semblent pas convaincus par les propositions d’économie et surtout pas par la suppression de deux jours fériés. Chaque camp, comme en campagne électorale, avance ses mesures qui vont sauver le pays : faire payer les riches, ne rien donner aux immigrés et les renvoyer. Que des mauvais remèdes qui aggraveraient la situation. Cependant, les commentateurs font remarquer que Bayrou ne présente pas vraiment de « traitement de fond », de réformes structurelles, de révision du fonctionnement de l’Etat. Ils relèvent également que les retraités sont largement mis à contribution. Seraient-ils des tricheurs, sont-ils riches si leur pension dépassent 3 000 euros par mois ? Ridicule, mais les 17 millions de retraités « absorbent » 13,5 % du PIB.
Les décisions tomberont à l’automne lors de la présentation du budget. Hier, le Premier ministre a surtout voulu expliquer l’urgence aux Français et mettre leurs représentants, députés et sénateurs, face à leurs responsabilités.
Si les opposants persistent et font tomber le gouvernement, la France continuera de s’enfoncer…