La France court toujours après son budget 2026. Jeudi, le Sénat a voté la partie recettes du budget général qui va revenir à l’Assemblée. Mardi, les députés doivent se prononcer sur le budget de la Sécurité sociale. Ils ont adopté le texte sur les recettes mais l’adoption de la partie dépenses puis de l’ensemble n’est pas acquise, loin de là. Le vote, pour ou contre, se jouera à quelques voix près, pronostiquent les commentateurs.
Depuis plusieurs jours, le Premier ministre s’emploie à convaincre tous les hésitants, un par un, à leur faire comprendre que le pays a besoin d’un budget. Il estime que celui de la Sécu n’est « pas parfait » mais « le meilleur budget possible » et il incite les députés à se prononcer mardi « en conscience, pour l’intérêt général». Si on n’a pas de budget, c’est 30 milliards de déficit au lieu de 23, répète-il à l’unisson avec ses ministres.
« La sécurité sociale n’est pas un objet de politique : c’est plus grand que nous » insiste Sébastien Lecornu qui veut que les parlementaires se montrent responsables. Trop d’entre eux votent en fonction de leurs intérêts personnels – éventuelle dissolution et élection législative- et ceux de leur parti. A droite et dans le camp présidentiel , certains réclament le retour du 49-3 qui rendrait le gouvernement seul responsable d’un budget de compromis qui ne satisfait personne. Edouard Philippe, en nette baisse dans les sondages -il serait battu par Bardella-, veut se démarquer et prouver, dans l’optique de 2027, qu’il s’est bien éloigné de la macronie. LFI et le Rassemblement national pensent qu’ils pourraient profiter d’un vote de censure qui suivrait forcément un 49-3. Ils lorgnent toujours sur des élections anticipées
Sébastien Lecornu va-t-il démissionner si l’Assemblée vote contre ce PLFSS, projet de financement de la Sécurité sociale ? Une démission « n’aurait pas de sens » a assuré la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon. « Cela n’aurait pas de sens, sinon il aurait engagé la responsabilité du gouvernement », en ne renonçant pas à l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, déclare-t-elle dans La Tribune Dimanche., « Cela ajouterait de la crise à la crise, de l’instabilité, et cela interromprait toutes les discussions budgétaires en cours », affirme-t-elle.
Qu’en pensent les Français ? On ne le sait pas exactement, mais le premier baromètre trimestriel public conçu pour mesurer « la hiérarchie réelle et spontanée des préoccupations des Français », réalisé par le Cevipof et l’ObSoCo (Observatoire Société et Consommation), montre que la vie politique est devenue leur préoccupation principale, citée spontanément par 30 % des répondants, devant l’inflation et le pouvoir d’achat, cité par 27 % des enquêtés, la justice et criminalité (24 %), le budget et la dette nationale (21 %) et l’immigration (20 %) ».
L’enquête fait aussi apparaître des interrogations plus structurelles sur le système politique que les Français veulent plus horizontal. « Ça devient compliqué si le politique dont la fonction est de résoudre le problème devient le problème », explique Guénaëlle Gault, directrice Générale de l’ObSoCo.
