Alors que l’importation de véhicules neufs est interdite, les anciens combattants bénéficient d’un privilège largement détourné au fil des ans. Il s’agit de l’achat d’un véhicule importé grâce à la « licence moudjahidine ». Celle-ci permet à l’acheteur de ne pas payer les droits de douanes qui sont de l’ordre de 30% du prix du véhicule. L’affaire devient vraiment très juteuse lors de l’achat d’un véhicule haut de gamme. Comme son nom l’indique, cette licence est réservée aux anciens combattants de la guerre d’indépendance et à leur proche famille (épouse, enfants).
Mais cela a généré un trafic que l’Etat tente désormais de résorber, après avoir longtemps fermé les yeux. Par le biais de procurations, les titulaires permettent à des tiers d’utiliser ces véhicules qu’ils ont importés, moyennant bien sûr une rétribution au titulaire de la licence. Le principe de l’incessibilité durant trois années du véhicule ainsi importé, vole de fait en éclats. Le passage devant le notaire, qui établit une procuration en bonne et due forme, a donné à cela un cadre officiel, au point que beaucoup d’Algériens pensaient la procédure légale. Ces notaires peu scrupuleux ont accompagné le trafic faisant exploser le coût de ces procurations qui peuvent désormais atteindre 50 000 dinars (311 euros). Quant au moudjahidine modeste qui ne peut pas s’offrir une automobile, il vend directement sa licence d’importation, faisant flamber les prix dans ce domaine. Situés autour de 200 000 dinars (1 200 euros environ), le prix des licences a doublé depuis que l’Etat a interdit l’importation de véhicules.