C’est du jamais-vu depuis le début de la guerre en Syrie. La livre syrienne atteint un nouveau record : le dollar s’échange à plus de 11 000 livres sur le marché noir, alors qu’avant la guerre, un dollar valait 47 livres. La monnaie a donc perdu près de 100% de sa valeur. Et cet effondrement de la livre frappe le quotidien des Syriens.
Sur les marchés d’Alep, le frère Georges Sabba décrit à RFI une chute de la monnaie vertigineuse. Celle-ci se répercute sur tous les produits du quotidien : « La viande devient quelque chose d’inaccessible. Il y a un mois, quand nous achetions un kilo de viande, aujourd’hui, il faut multiplier le prix par 1,7. Et ça, c’est un quotidien. »
Un quotidien fait aussi de calculs avec son association des Maristes Bleus, pour continuer la distribution de paniers alimentaires à plus d’un millier de familles : « On est obligé de réduire la quantité pour pouvoir servir les gens convenablement et rester dans ce budget que nous avons fixé. »
La chute de la livre touche tous les secteurs, des produits de consommation aux transports, des prix des médicaments aux tarifs de l’électricité. À Damas, le régime pointe le rôle des sanctions internationales. Mais pour l’économiste Joseph Daher, les raisons de la crise économique sont aussi structurelles.
Depuis son retour dans la ligue arabe en mai 2023, la Syrie mise sur les capitaux des pays du Golfe. Mais à ce jour, rappelle Joseph Daher, aucun investissement n’a été annoncé.