En une semaine, le Népal a vécu une révolution qui a fait au moins 72 morts, entraîné la chute du gouvernement et une transition politique avec des élections législatives le 5 mars prochain.
Les jeunes, nés entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, pensaient qu’avec la disparition de la monarchie en 2008, ils allaient vivre une nouvelle époque, un développement économique. Rien de positif ne s’est produit et ces jeunes qui s’appellent la « génération Z » se sont peu à peu mobilisés, suivant des Indonésiens, des Philippins, Bangladais Srilankais contre les élites, les dirigeants accusés de népotisme et de corruption. Des vidéos virales ont circulé dénonçant le « népo kids » ou « népo babies » étalant leur luxe et vie facile alors que la pauvreté frappe encore 20% de la population, que 25 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition, que le chômage des jeunes est d’environ 20,8 %, poussant près de 500 000 jeunes Népalais par an à émigrer pour trouver un emploi. Le PIB par habitant est d’à peine 1 400 dollars et l’économie dépend de l’agriculture ainsi que de l’envoi de l’argent par les Népalais travaillant à l’étranger qui représente près de 26,5 % du PIB.
La colère ne cessait de monter et, au début du mois, le blocage des 26 réseaux sociaux imposé par le Premier ministre Sharma Oli a déclenché des manifestations, des émeutes. Lundi dernier, à l’appel du mouvement Hami Népal – nous sommes le Népal- de nombreux protestataires et les militants de « Gen Z » sont descendus dans la rue. D’abord pacifique, le mouvement a dégénéré avec l’incendie du parlement et de plusieurs ministères, la destruction de bâtiments administratifs et la libération de plus de 13 000 prisonniers. L’armée a tiré pour rétablir l’ordre, le Premier ministre a démissionné et le président Ram Chandra Poudel a dissous le Parlement avant d’annoncer des législatives en mars prochain.
Samedi, il a déclaré qu’ « une solution pacifique avait été trouvée à l’issue d’un processus difficile » et qualifié la situation de « très difficile, compliquée et grave » . La solution, c’est la nomination, la veille, au poste de Premier ministre de Mme Sushila Karki, 73 ans, ex-cheffe de la Cour suprême. Ce dimanche, elle s’est engagée à ne rester au pouvoir que six mois, à répondre aux revendications des manifestants et à travailler en accord avec la pensée de la génération Z ». Cette dernière réclame, outre la fin de la corruption, des emplois, plus d’égalité, une bonne gouvernance et une vie digne.

Un nouvel avenir pour ce pays himalayen de 30 millions d’habitants ?