La situation chaotique que vit le pays, frappé de plein fouet par une crise sanitaire sans précédent, a été le révélateur de l’incompétence de ceux qui nous gouvernent, une insouciance générale et une insoutenable légèreté que décline une incapacité à faire face à une pandémie, transformée rapidement, en une véritable tragédie mettant à nue une quasi absence de l’état, ou tout le moins, une défaillance à gérer une crise pourtant annoncée.
Face au désastre provoqué par une pandémie, hors de contrôle, qui cause chaque jour plus de morts, de milliers de cas graves, causant la rupture du système de santé, avec des malades souvent laissés à leur propre sort, sans possibilité de secours , ni de soins, un corps médical à bout de souffle incapable de venir en aide à des personnes qui meurent faute de soins, d’oxygène et de prise en charge adéquate, on se contente d’expédients, de mesures improvisées et souvent difficilement applicables.
Face aussi à l’impossibilité actuelle de contenir cette pandémie, de mettre en place des actions énergiques, courageuses, au dilemme dans lequel se trouve les pouvoirs publics, qui n’arrivent pas à faire les bons arbitrages entre ce qui est nécessaire et ce qui est urgent, le pays donne l’image d’un bateau ivre, en mal de pilotage.
Face également à l’échec flagrant de nos responsables à gérer ce tsunami, et au laxisme des citoyens qui ont préféré tourner le dos à toutes les supplications pour qu’ils respectent les règles élémentaires de distanciation et de sécurité, croyant qu’ils peuvent s’en tirer à bon compte en prônant la désobéissance, nous ne faisons que constater les dégâts et nous ne faisons que hypothéquer les chances du pays à relancer son économie et à retrouver les chemins de la création de richesses.
Face, enfin, à l’irresponsabilité de nos politiques qui ont, tout le temps, cédé à toutes les pressions en acceptant que le public revienne aux stades, en fermant leurs yeux à tous les excès des partis politiques, en permettant rassemblements et marches de protestation, en se montrant incapable de faire prévaloir la loi et le droit, le pays vit dans l’expectative, le doute et la peur.
Au regard du laxisme dominant, à l’absence de l’état et de l’incapacité des autorités du pays d’assumer leurs missions essentielles, le pays est en train de payer un tribut lourd ; d’abord de lourdes pertes humaines, une facture économique salée, et des tensions sociales qui risquent de devenir ingérables.
Paradoxalement, en raison de ces défaillances en cascade, le pays replonge dans un désastre sans fin et aux conséquences difficilement évaluables et ce au moment où partout dans le monde la vie est en train de retrouver son cours normal et que les prémices de la reprise commencent à se faire sentir.
Peut-on espérer légitimement un meilleur sort ? Peu probable. La raison est simple, dans le cafouillis général qui règne, tout le monde a tendance à ramer à contre-courant. Pendant ces temps difficiles, la guerre de tous contre tous se poursuit des plus belles. Aucun répit possible, ni trêve envisageable. Outre la paralysie des institutions, l’absence de toute perspective, la descente du pays dans les abysses de l’incertitude, nos dirigeants poursuivent inlassablement leur fuite en avant, comme si rien ne se passe, affichant une sorte de désinvolture, une insoutenable légèreté dans la gestion des affaires du pays.
Le président de la république poursuit ses incartades, avec un discours toujours indéchiffrable, vindicatif et décalé, comme si l’amendement de la constitution, de la loi électorale ou le changement du système politique, allait tout résoudre, remettre de l’ordre dans un pays désorienté, qui marche sans boussole, et qui est lâché par ses gouvernants et ses élites. Il en de même pour le parlement qui s’apparente à une foire d’empoigne, où les représentants du peuple ne font que souiller cet hémicycle, devenu un réceptacle de tous les excès, les caprices et les violences, physiques et verbales.
Le gouvernement présidé par Hichem Mechichi, n’échappe pas à la règle. Faible, incertain, peu solidaire, il continue à fonctionner au gré des vents dans un désordre hallucinant. Au vu de toutes ces incohérences, peut-on s’étonner outre mesure du bilan désastreux que connaît le pays actuellement ? Un bilan qui reflète, au-delà de la défaillance du système, une inaptitude et une absence de conscience générale.