En février 2023, à l’occasion du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, déclarait que « le 21ème siècle pourrait être – et doit être – le siècle de l’Afrique. Il indiquait cependant que le continent devait d’abord surmonter de lourds défis dont la dette due en partie au système financier mondial, la santé, l’éducation, l’égalité des sexes, l’emploi, la hausse du coût de la vie, le réchauffement climatique, les conflits.
L’Afrique, terre d’avenir : ce constat était partagé notamment en France, en Europe, où l’on soulignait que l’avenir de ces deux parties du monde était lié d’autant que l’Europe perdrait des habitants alors qu’à la fin du siècle, 40% de la population mondiale sera africaine. Même Donald Trump qui sait à peine ce qu’est l’Afrique et qui n’y voyait que des « shithole countries », des « pays de chiottes », vient, lors d’un mini sommet à Washington, de vanter « ses super minerais, ses grandes réserves de pétroles, son grand potentiel économique ».
Un rapport d’Oxfam, publié à l’ouverture de la session semestrielle de l’Union africaine, donne un bilan plus négatif : plus d’un tiers des Africains, soit environ 460 millions de personnes, vivent sous le seuil de pauvreté extrême selon la Banque mondiale et le nombre de personnes pauvres continue de croître. Dans le même temps, Oxfam précise que « quatre des plus riches milliardaires africains possèdent désormais une richesse cumulée de 57,4 milliards de dollars, un montant supérieur à celui détenu collectivement par 750 millions d’habitants, soit la moitié de la population du continent ». Oxfam dénonce l’élargissement continu de la fracture sociale, qu’elle impute à un manque de volonté politique chez les dirigeants africains, lesquels maintiennent des régimes fiscaux favorables aux plus riches et peu efficaces pour réduire les inégalités. « Les richesses de l’Afrique ne manquent pas, elles sont dilapidées par un système truqué qui permet à une petite élite d’amasser d’immenses fortunes tout en privant des centaines de millions de personnes des services les plus élémentaires », déplore Fati N’zi-Hassane, directrice d’Oxfam en Afrique.
Ce rapport pourrait rappeler le très controversé et critiqué discours de Dakar prononcé le 26 juillet 2007 par le président français Nicolas Sarkozy. Il y affirmait notamment que « l’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur. On s’est entretué en Afrique au moins autant qu’en Europe. Mais il est vrai que jadis, les Européens sont venus en Afrique en conquérants. Ils ont pris la terre de vos ancêtres ». Il ajoutait que « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire » et regrettait que le continent noir ne fasse pas de place « pour l’idée de progrès ».
Lors de cette session semestrielle de l’UA, les États membres se sont engagés à réduire de 15 % les inégalités sur le continent au cours des dix prochaines années.
La deuxième partie de ce siècle pourrait alors être bien africaine.