Après plusieurs mois d’implication au sein du gouvernement de Donald Trump, Elon Musk a mis un terme à son rôle à la tête du DOGE, le département pour l’efficacité gouvernementale. Une décision marquée par un profond désenchantement vis-à-vis de la grande réforme fiscale adoptée récemment par le Congrès, et par une série de revers techniques et politiques.
Dirigeant de Tesla, SpaceX, X (anciennement Twitter) et de la start-up d’intelligence artificielle xAI, Elon Musk ambitionnait de révolutionner à la fois l’économie privée et l’action publique. En acceptant en début d’année un poste au sein de l’administration de Donald Trump, il s’était vu confier une mission de taille : rationaliser les dépenses fédérales.
Après 130 jours de mandat, Elon Musk quitte Washington amer et visiblement désillusionné. Dans une interview accordée à CBS, dont un extrait a été diffusé mardi soir, le milliardaire d’origine sud-africaine n’a pas mâché ses mots et critique l’adoption, il y a quelques jours, par le Congrès, de la grande réforme fiscale de Donald Trump.
« J’ai été déçu de voir ce projet de loi de dépenses massif qui augmente le déficit budgétaire au lieu de le réduire et qui sape le travail que fait l’équipe DOGE », a-t-il déclaré devant les caméras.
Cette réforme fiscale a été adoptée par la Chambre des représentants, malgré l’opposition croissante d’une partie des républicains. Pour le dirigeant de Tesla, non seulement ce texte compromet les efforts d’austérité qu’il a défendus pendant son mandat à la tête du DOGE, mais il risque aussi d’aggraver le déficit américain, qui ne repasserait pas sous les 6 % avant 2030 selon les projections.
Ces désaccords entre Musk et l’administration Trump couvaient depuis plusieurs semaines. Le patron de Tesla s’était déjà mis en retrait, il y a plusieurs semaines, affirmant ne consacrer « qu’un à deux jours par semaine » à sa mission gouvernementale. Le reste de son temps était de plus en plus dédié à ses entreprises, notamment à la préparation du lancement très attendu de la mégafusée Starship, qui s’est soldé par un loupé.
Par ailleurs, une panne majeure du réseau social X samedi dernier, potentiellement causée par une cyberattaque revendiquée par le groupe DieNet, semble avoir agi comme un déclencheur. Musk a lui-même reconnu que cette défaillance mettait en lumière « des failles critiques » dans la gestion opérationnelle de ses sociétés, exigeant son retour à plein temps.
« De retour à travailler 24h/24 et 7j/7 et à dormir dans les salles de serveurs, de conférence ou d’usine », a-t-il écrit sur X, dans un message qui sonnait déjà comme une déclaration d’abandon de ses fonctions politiques.
La fin d’une carrière politique ?
Si l’aventure gouvernementale d’Elon Musk s’achève sur une note amère, elle aura au moins permis d’introduire dans les arcanes de l’État fédéral une approche entrepreneuriale radicale, bien que controversée. Reste à savoir si le businessman reviendra un jour dans la sphère politique, ou s’il se concentrera désormais exclusivement sur ses ambitions technologiques et sur son rêve d’emmener l’humanité sur Mars.