Le président du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) Zied Dabbar a demandé de la Justice tunisienne de libérer la journaliste Chadha Hadj Mbarek et de lui permettre de comparaitre en liberté faisant observer qu’elle ne présente aucun danger pour la société et que son état de santé se dégrade en prison.
S’exprimant lors d’un rassemblement de protestation observé mardi par les journalistes devant la cour d’appel de Tunis, peu avant la tenue des premières audiences en appel dans l’affaire Instalingo, Dabbar a tenu à préciser que l’état de santé de Chadha Ben Mbarek ne lui permet plus de rester en prison après y avoir passé deux ans et demi.
Le président du SNJT a appelé, dans ce contexte, au respect du principe juridique fondamental qui considère que la liberté est la règle et que la détention est l’exception réservée à des circonstances extrêmes, ce qui n’est pas le cas dans l’affaire de la journaliste Chadha Hadj Mbarek, a-t-il souligné.
En plus du décret-loi 54 et du code pénal, les journalistes comparaissent, aujourd’hui, au sens de la loi antiterroriste, a-t-il regretté.
Le président du syndicat des journalistes a rappelé, dans ce contexte, que le juge d’instruction avait décidé, en juin 2023, de faire tomber toutes les charges retenues contre la journaliste. Il a affirmé qu’elle accomplissait un travail journalistique sans aucun lien avec les accusations qui lui étaient adressées (la chambre d’accusation a fait appel de cette décision en juillet de la même année).
Chadha Hadj Mbarek a été arrêtée en septembre 2021 dans le cadre des investigations relatives aux activités de la société Instalingo, spécialisée dans la production de contenu ainsi que dans la communication numérique. Elle a été condamnée en première instance à cinq ans de prison.
En février 2025, la deuxième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis avait prononcé des peines allant de cinq à cinquante-quatre ans de prison. Elle a également décidé la confiscation de biens et des sanctions financières à l’encontre de 41 accusés dans cette affaire qui implique des membres de l’institution sécuritaire, des blogueurs, des journalistes, des hommes d’affaires et des politiciens.
« Instalingo » est une entreprise basée à Kalaâ Kebira, dans le gouvernorat de Sousse. Ses locaux ont été perquisitionnés le 10 septembre 2021 après des informations faisant état “de soupçons de participation à un attentat contre la sûreté de l’État, blanchiment d’argent et atteinte à autrui à travers les réseaux sociaux”.
L’affaire avait d’abord été instruite par le tribunal de première instance de Sousse, avant que le juge d’instruction ne décide, fin 2024, de la confier au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme.
