Les autorités tunisiennes ont décidé de suspendre pour une durée d’un mois les activités du site d’information Nawaat, selon des informations relayées ce vendredi 31 octobre 2025 comme l’ont annoncé plusieurs journalistes de la rédaction.
La décision s’inscrirait dans le cadre du décret-loi n°88 régissant les associations et les structures recevant des financements étrangers.
Cette mesure intervient dans un contexte marqué par la suspension récente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Une enquête judiciaire a, rappelons – le, été ouverte ce mois d’octobre concernant des associations « soupçonnées d’avoir reçu d’importants financements étrangers », notamment Al-Bawsala, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), I Watch, Inkyfada, ainsi que plusieurs structures issues de la communauté LGBTQ+, dont Mawjoudin, Damj, Chouf et Shams.
Selon les premiers éléments de l’enquête, ces organisations auraient perçu, sur plusieurs années, des fonds provenant de structures internationales, notamment liées au réseau de la fondation Open Society de George Soros.
Jusqu’à présent, les investigations ont conduit à la dissolution de 47 associations et au gel des avoirs de 36 autres
Nawaat réagit
Suite à la suspension de ses activités pour une durée d’un mois, l’Association Nawaat a publié une déclaration sur ses réseaux et son site. Elle annonce que l’Association des journalistes de Nawaat a reçu une notification officielle, émise suite à une pétition, suspendant ses activités pour un mois, avec effet immédiat, « une mesure qui s’inscrit dans une série de suspensions arbitraires visant plusieurs associations militantes » indique la rédaction.
Nawaat dénonce une « décision politique déliberée visant à faire taire sa voix pionnière dans la résistance médiatique », rappelant que son travail a débuté en 2004, sous l’ancien régime dictatorial de Ben Ali. La rédaction rappelle également avoir été victime « un long processus de harcèlement, d’enquête et de contrôles financiers et fiscaux menés par l’Unité de recherche et de lutte contre la fraude fiscale dans le but d’entraver les activités de Nawaat »
Tout en réaffirmant son engagement à respecter cette suspension d’un mois, Nawaat annonce également son intention d’engager une procédure judiciaire pour contester cette décision, soutenue par toutes les voix libres qui partagent depuis longtemps ses combats.
Inquiétude des journalistes
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a réagi avec une profonde inquiétude à la suspension d’un mois du site « Nawaat », y voyant « un nouvel épisode dans la politique d’étouffement de la société civile et des médias indépendants ».
Dans un communiqué publié ce vendredi, le SNJT estime que « la décision de geler l’activité de l’association s’inscrit dans une stratégie délibérée de restriction de la liberté d’organisation ».
Il rappelle que « Nawaat » a subi plus d’un an de vérification financière approfondie et a fourni toutes les pièces justificatives demandées par les autorités, conformément à la loi 88 de 2011 régissant les associations.
La SNJT considère que « la suspension de « Nawaat » représente une tentative de faire taire l’un des principaux médias d’investigation indépendants en Tunisie, et un attentat direct contre le droit des journalistes à exercer librement ».
Le SNJT conclut en exprimant sa pleine solidarité avec les journalistes de « Nawaat », et annonce qu’il engagera toutes les actions légales et de terrain nécessaires pour défendre leur droit à travailler librement et protéger la pluralité médiatique.
 
	    	
 
                                 
					