Huit bâtiments américains, dont un sous-marin à propulsion nucléaire, et quelque 4500 marines seraient déployés en mer des Caraïbes face au Venezuela et une dizaine de F-35 ont été envoyés à Porto Rico pour parer à toute éventualité. Depuis quelques semaines, la tension monte entre les deux pays en froid depuis plus de 20 ans et, mardi, Donald Trump a annoncé que ses forces avaient frappé dans les eaux internationales un « bateau transportant de la drogue », tuant 11 « narcoterroristes » qu’il a présentés comme des membres du Tren de Aragua, un cartel vénézuélien implanté dans plusieurs pays et classé organisation terroriste par le président américain. Aucune preuve n’a été apportée sur la présence de drogues ni sur le profil criminel des onze individus.
Pourquoi une telle action contraire aux principes du droit international ? Comme lors de son premier mandat, Trump entend lutter avec force contre le narcotrafic et sa porte-parole Karoline Leavitt qualifie le gouvernement vénézuélien de «cartel narcoterroriste» et Nicolás Maduro de «chef fugitif de ce cartel». Elle a précisé que le président recourrait à «tous les moyens» pour «empêcher les drogues d’inonder notre pays».
Ira-t-il jusqu’à intervenir pour renverser Maduro ? Le ministre de la Défense Pete Hegseth laisse planer le doute: « c’est une décision qui relève du président, et nous sommes prêts, avec toutes les ressources dont dispose l’armée américaine ».
De son côté, le président vénézuélien mobilise – il parle, avec une certaine exagération de 4,5 millions de miliciens qui empêcheront l’invasion de son pays et indique qu’« aucun des différends que nous avons et que nous avons eus ne justifie un conflit militaire. ».Il jure que le Venezuela est aujourd’hui exempt de production de feuilles de coca et de cocaïne, et c’est un pays qui lutte contre le narcotrafic ».
Si rien ne prouve que Maduro est à la tête du Cartel de los Soles (cartel des Soleils), présenté comme une organisation criminelle de généraux vénézuéliens accusée d’avoir envoyé des centaines de tonnes de drogues aux Etats-Unis, ni même que ce cartel existe, il est certain que les dirigeants du Vénézuéla où la démocratie et le liberté n’existent pas, sont corrompus et profitent du trafic.
Malgré les menaces, les politologues et experts jugent une intervention directe « peu probable ». Et tous sentent l’odeur du pétrole. Le Venezuela possède les plus importantes ressources mondiales et Trump aimerait sans doute les contrôler, avoir, au moins, des accords avec un nouveau régime. Cependant, ils s’interrogent : pourquoi ces opérations militaires alors qu’en juillet, Trump avait autorisé la reprise des opérations pétrolières au Venezuela du géant américain Chevron ? Une odeur de Chine également : en frappant Caracas, en l’affaiblissant encore, les Etats-Unis pourraient toucher la Chine qui lui achète du pétrole. Elle est son premier acheteur et représente environ 50% de ses exportations totales.
En attendant, une prime de 50 millions de dollars est promise à celui, ou celle, qui permettra l’arrestation de Maduro…